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'Grave' de Julia Ducournau (8/10)

Dans la famille de Justine tout le monde est vétérinaire et végétarien. À 16 ans, elle est une adolescente surdouée sur le point d’intégrer l’école véto où sa sœur ainée est également élève. Mais, à peine installés, le bizutage commence pour les premières années. On force Justine à manger de la viande crue. C’est la première fois de sa vie. Les conséquences ne se font pas attendre. Justine découvre sa vraie nature.


Premier film de Julia Ducournau, ‘Grave’ a essaimé une excellente réputation en festival avant de venir atterrir sur nos écrans et il est l’heure de lever le voile sur l’un des films d’horreur les plus attendus de cette année. Le verdict est bien à la hauteur des attentes. Dès les premières images, la jeune réalisatrice impose une pâte personnelle assez arty, très cinéma d’auteur, et montre rapidement son ambition. Loin de vouloir réaliser un bête film de genre, Julia Ducournau absorbe différentes influences pour proposer une expérience d’une richesse étonnante. Flirtant avec différents genres sans en privilégier aucun, ‘Grave’ est un film intelligent sur la violence entre les hommes et sur une foule d’autres thèmes qui rendent parfois le film certes fouillis, mais qui permet de maintenir un intérêt constant. La réalisatrice impose en effet grâce à une mise en scène superbe des ambiances étonnement variées. A la fois chronique d’adolescente mal dans sa peau (presque littéralement) à la ‘Carrie’ en même temps qu’une critique sociale sur les pratiques honteuses de certains établissements, ‘Grave’ joue sur beaucoup de tableaux, rendant le film très singulier. La réalisatrice ne dévoilera jamais complètement son intention et cela rend le film opaque et dérangeant par l’absence de point de vue tranché. Cette apparente neutralité, autant dans la beauté que dans la violence, est autant un atout qu’un défaut. Un atout car le film est plus complexe à abordé et plus ouvert à l’interprétation du spectateur, un défaut car le film aurait pu gagner en force s’il avait proposé une ligne claire. Cette opacité, cette absence de point de vue ne rend pas le film ennuyeux tant Julia Ducournau prend un malin plaisir à brosser le public à rebrousse-poil. ‘Grave’ n’est pas un film forcément aimable tant il déstabilise, répugne, et on aurait pu le rejeter en bloc s’il n’y avait pas cette maîtrise et cette complexité. ‘Grave’ montre des séquences parfois très violentes mais toujours justifiées. En s’attardant sur les sensations de ses personnages, en insistant avec intelligence sur des effets sonores désagréables ou sur des éléments gores, la réalisatrice déstabilise son public avec sensibilité, insufflant une tension et une surprise sans cesse renouvelées. ‘Grave’ donne l’effet d’un film parfaitement maîtrisé et il est porté par des comédiens extraordinaires, à commencer par l’actrice principale : Garance Marillier. Film fou et singulier, c’est un véritable choc qui aurait mérité plus de profondeur mais qui reste comme un des meilleurs films de genre de cette année.

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