top of page

'Moonlight' de Barry Jenkins (5/10)

Après avoir grandi dans un quartier difficile de Miami, Chiron, un jeune homme tente de trouver sa place dans le monde. Moonlight évoque son parcours, de l’enfance à l’âge adulte.


Film indépendant au budget modeste, ‘Moonlight’ apparait comme un sérieux challenger à la course aux Oscar, grâce à une histoire originale et rarement vue au cinéma. Inspiré de la vie de son réalisateur, le film a le mérite d’aborder des thèmes rarement traités au cinéma, et sa nouveauté fait du bien dans un paysage trop uniforme. ‘Moonlight’, véritable coup de poing ? Malheureusement pas… Le film de Barry Jenkins est une déception sur plusieurs points tant il passe à côté de ce qui aurait pu être une grande fresque et réflexion sur ce que signifie être homosexuel dans un monde intolérant, pour proposer des cadres assez léchés mais à faible contenu. Le film commence pourtant très bien en retraçant la jeunesse de notre héros et sa rencontre avec un dealer humaniste qui restera un des seuls à l’accepter tel qu’il est. A ce point de l’histoire, ‘Moonlight’ casse de nombreux stéréotypes et parvient à maintenir un intérêt constant. Parcouru de scènes touchantes et magnifiques, cette première partie promet énormément, avec en paroxysme cette magnifique scène à la mer, où notre héros s’en remet complètement à son mentor dans un symbolisme absolument grandiose. Malheureusement, la suite va petit à petit retourner dans des rails trop convenus. La deuxième partie est déjà un peu plus faible, racontant l’adolescence du héros. Le problème est que ce héros est mutique du début à la fin et la caméra de Barry Jenkins ne parvient pas à percer sa carapace. Chiron reste une énigme tant il ne dévoile presque rien et le réalisateur peine à lui donner un véritable fond, se contentant d’illustrer (certes à merveille) les situations, mais sans jamais approfondir la psychologie de son alter-ego. Le film finit donc par s’enliser dans des lieux communs assez ennuyants. Si on déplace le contexte de l’histoire, tout a déjà été montré, en mieux. Barry Jenkins ne fera que survoler les thématiques qu’il commençait à développer. L’homosexualité de Chiron devient secondaire dans la troisième partie du film, qui ne raconte malheureusement plus grand-chose. Chiron a mal tourné, il revoit son amour d’adolescent, et puis c’est tout. La faute est à imputer à des dialogues assez convenus qui peinent à rendre intéressante l’histoire et son développement, si bien que l’on termine le film sur notre faim. Parsemé de fulgurances magnifiques, le film est au final assez bancal. Il troque rapidement son originalité pour une histoire plutôt convenue et étirée au maximum, et se contente d’illustrer son propos sans parvenir à percer la carapace de son héros. ‘Moonlight’ est donc une déception.

Recent Posts
bottom of page