'Quelques Minutes Après Minuit' de Juan Antonio Bayona (10/10)
Conor a de plus en plus de difficultés à faire face à la maladie de sa mère, à l’intimidation de ses camarades et à la fermeté de sa grand-mère. Chaque nuit, pour fuir son quotidien, il s’échappe dans un monde imaginaire peuplé de créatures extraordinaires. Mais c’est pourtant là qu’il va apprendre le courage, la valeur du chagrin et surtout affronter la vérité…
Après le spectaculaire ‘The Impossible’, Juan Antonio Bayona revient avec une histoire à priori plus intimiste. ‘Quelques Minutes Après Minuit’ (A Monster Calls en version originale) est le troisième film du réalisateur espagnol et sonne comme un formidable aboutissement. Magnifique film sur l’adolescence et le deuil, le long-métrage était un vrai piège pour réalisateur tant le scénario pouvait laisser passer les pires lourdeurs et clichés. J.A.Bayona montre une fois de plus une merveilleuse sensibilité pour traiter son sujet et livre un film à nouveau à fleur de peau, mais plus pudique que ‘The Impossible’. S’il forçait un peu trop l’émotion dans son précédent film, le réalisateur dose ici beaucoup mieux l’intensité grâce à de formidables outils de mise en scène. J.A.Bayona est probablement un des metteurs en scène les plus complets de sa génération. En termes d’images, ‘Quelques Minutes Après Minuit’ est une réussite. Les plans sont à tomber et les ‘histoires’ racontées par le monstre, réalisées en aquarelles, s’intègrent merveilleusement tout en proposant des trouvailles visuelles et des raccords absolument géniaux. Formidable directeur d’acteurs, J.A.Bayona parvient à rendre limpide les émotions qui traversent ses personnages. Pas besoin de grandes lignes de dialogues pour comprendre le héros, son chagrin, grâce à une précision de jeu incroyable. Les seconds rôles sont également au cordeau, à commencer par Sigourney Weaver dans un rôle ambigu mais sublime. ‘Quelques Minutes Après Minuit’ est un film assez étrange et original. A la fois film pour adolescent et allégorie du deuil pour adulte, il reste une petite merveille inclassable. Jamais mièvre, toujours surprenant, l’histoire parvient à saisir admirablement le processus du deuil et l’acte parfois douloureux du passage à l’âge adulte. Rarement un tel sujet avait été abordé avec autant d’intelligence et de sensibilité. Faussement simpliste, l’histoire pose ses jalons avec subtilité et la conclusion, sublime et sobre, nous plonge dans une foi totale en l’imaginaire et ses capacités de guérison. Véritablement poétique, le film mélange avec grâce l’impressionnant à l’intime, le grand spectacle au drame social. Visuellement superbe et doucement émouvant, ‘Quelques Minutes Après Minuit’ est un véritable chef-d’œuvre. De quoi entamer 2017 avec optimisme !