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'American Pastoral' d'Ewan McGregor (6/10)

L’Amérique des années 60. Autrefois champion de sport de son lycée, Seymour Levov, dit « le Suédois », est devenu un riche homme d’affaires marié à Dawn, ancienne reine de beauté. Mais les bouleversements sociopolitiques de l’époque font bientôt irruption dans la vie bourgeoise, en apparence idyllique, de Seymour. Lorsque sa fille adorée, Merry, disparaît après avoir été accusée d’acte terroriste, il part à sa recherche pour que sa famille soit de nouveau unie. Profondément ébranlé par ce qu’il découvre, il doit affronter le chaos qui secoue la société américaine et jette les bases d’un nouveau monde. La vie de famille ne sera plus jamais la même…


Première réalisation de l’acteur Ewan McGregor, ‘American Pastoral’ est l’adaptation d’un livre de Philip Roth, auréolé du prestigieux prix Pullizer. L’acteur, passé derrière la caméra, voit donc les choses en grand puisqu’il s’octroie également le premier rôle et tente de livrer un film aussi ambitieux que sa version papier. Le résultat déçoit forcément mais reste un bon premier film. La force d’American Pastoral est son histoire. McGregor explore avec une certaine efficacité l’immense souffle dramatique qui parcourt son récit et après une première partie parfois confuse, parvient à maintenir un intérêt constant dans sa dernière partie. Grâce à de beaux cadres et une ambiance parfaitement rendue, McGregor convainc comme réalisateur, livrant un travail d’excellente facture, servi par de bonnes interprétations. La mise en scène est précise, la photographie réussie, tout concourt à faire du film une excellente première fois. Malheureusement, le réalisateur rate quelques marches dans son ascension et en premier lieu, dans le choix de ses scènes. Deux moments importants seront tout simplement évacués alors qu’ils pouvaient résonner de manière forte avec l’actualité : la radicalisation de la fille du héros, puis la folie de sa femme. Manquant clairement de profondeur psychologique, le film montre ces êtres déchirés par le monde et leurs pensées, mais sans dévoiler les changements ou les raisons qui les ont poussés sur cette voie. Heureusement, il peut se rattraper en contextualisant toujours son époque, s’attardant sur les violences qui minent la société telles les émeutes contre la ségrégation ou les protestations contre le Viêt-Nam. Ce que le film perd à l’échelle humaine, il le gagne en prenant plus de hauteur, même si ce n’est pas la démarche la plus pertinente pour traiter cette histoire. ‘American Pastoral’ est un film qui aurait pu secouer, remuer, mais qui reste finalement assez consensuel. Certaines scènes sont inutiles et se veulent choquantes mais tombent à plat, car arrivant comme des cheveux sur la soupe (la scène de l’Œdipe, la scène de la chambre d’hôtel…), d’autres auraient pu être plus développées pour augmenter la dramaturgie. Le réalisateur semble parfois dépassé par son ambition et malgré son envie de bien faire, passe à côté de l’essentiel. ‘American Pastoral’ est en définitive un premier film plutôt réussi mais bancal. Déployant efficacement son récit, Ewan McGregor se perd dans sa construction narrative. Très bien contextualisé mais humainement assez fade, le film garde cependant intact la force d’un formidable récit.

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