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'Mademoiselle' de Park Chan-Wook (5/10)

Corée. Années 30, pendant la colonisation japonaise. Une jeune femme (Sookee) est engagée comme servante d’une riche japonaise (Hideko), vivant recluse dans un immense manoir sous la coupe d’un oncle tyrannique. Mais Sookee a un secret. Avec l’aide d’un escroc se faisant passer pour un comte japonais, ils ont d’autres plans pour Hideko…


4 ans après le plutôt bon ‘Stoker’, son premier film tourné aux Etats-Unis, Park Chan-Wook revient dans sa Corée natale pour un film d’époque. ‘Mademoiselle’ se veut un film romanesque aux accents hitchcockiens, plus serein que son magnifique uppercut ‘Oldboy’. Les premières images nous le confirment, le réalisateur coréen livre un film de toute beauté. Sa réalisation à la fois élégante et esthétique illustre à merveille son histoire de passions et d’intrigues autour d’une riche héritière, et l’on pense aux grands maîtres du suspens tels que Brian de Palma ou Alfred Hitchcock. Le film est découpé en trois parties et son premier volet est en tout point réussi. Posant l’intrigue de manière efficace, le réalisateur parvient à illustrer de manière convaincante par l’image les tourments de ses héroïnes. Grâce à sa rigueur, le réalisateur saisit à merveille les intrigues, les non-dits, avec une originalité propre à son style. Dès lors, le renversement exposé à la fin de la première partie surprend et débouche sur une suite beaucoup moins convaincante. En effet, si cette première heure était en tout point surprenante et laissait intact l’intérêt, le film finit par l’enliser dans une histoire qui se voudra sur-explicative et qui finira par lasser. La deuxième partie change de point de vue. De la servante, nous passons à Mademoiselle, et le film nous remontre des séquences déjà vues, mais selon ce nouvel angle. Le procédé, en plus de n’apporter rien de bien neuf, est véritablement rébarbatif puisqu’il explique pendant un long moment le ‘twist’ de la première partie, et en amoindrit donc l’effet. A partir de là, le film patine et hésite, se répète beaucoup puisqu’il développe un scénario assez prévisible qu’il mettra plus d’une heure à expliquer. ‘Mademoiselle’ perd donc en route son formidable souffle romanesque, à peine retrouvé dans sa dernière partie, à cause d’effets scénaristiques peu probants qui instaurent une lassitude prégnante. Park Chan-Wook perd ainsi énormément d’efficacité en s’égarant sur des chemins de traverse pas toujours bien amenés (la scène de torture), à l’image de la fin, qui aurait pu être magnifique en s’arrêtant sur ces images figées qui débouchaient logiquement sur un générique mais qui se poursuivent sur une scène purement charnelle et gratuite, qui n’apporte rien de plus à l’histoire. ‘Mademoiselle’ est une somptueuse réalisation qui démarre sur les chapeaux de roue pour s’essouffler à partir de sa deuxième partie. En voulant se répéter et sur-expliquer son récit, Park Chan-Wook grève son film de nombreuses longueurs et redites. Quel dommage !




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