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'Baccalauréat' de Cristian Mungiu (7/10)

Romeo, médecin dans une petite ville de Transylvanie, a tout mis en œuvre pour que sa fille, Eliza, soit acceptée dans une université anglaise. Il ne reste plus à la jeune fille, très bonne élève, qu’une formalité qui ne devrait pas poser de problème : obtenir son baccalauréat. Mais Eliza se fait agresser et le précieux Sésame semble brutalement hors de portée. Avec lui, c’est toute la vie de Romeo qui est remise en question quand il oublie alors tous les principes qu’il a inculqués à sa fille, entre compromis et compromissions…


Principal représentant du cinéma roumain à l’étranger depuis sa Palme d’Or méritée avec ‘4 mois, 3 semaines et 2 jours’, Cristian Mungiu revient avec un nouveau drame qui ausculte les travers de la société roumaine. ‘Baccalauréat’, auréolé du prix de la mise en scène au dernier festival de Cannes, est dans la droite lignée de ses deux précédents longs-métrages et reproduit les forces et les travers du style Mungiu sans apporter de nouveauté à son univers. ‘Au-delà des Collines’ marquait déjà une volonté d’aller beaucoup plus loin dans l’ascétisme propre au cinéma d’auteur et Mungiu poursuit son épure avec son nouveau scénario. Les plans du cinéaste roumain possèdent une vraie force et dépeignent une Roumanie sinistre et sinistrée. Avec de nombreux jeux de miroir et une symbolique discrète, Mungiu fait passer des idées merveilleuses par l’image et son film se prête volontiers à une analyse approfondie, signe de sa richesse. Le symbole de la vitre cassée du début répond à cette rupture dans la vie de son héros, qui à partir de cet acte de vandalisme va voir son quotidien bouleversé. Voulant maîtriser son entourage d’une main de fer, les péripéties du médecin montrent l’impasse du contrôle absolu et les évènements que l’on ne peut maîtriser surgissent pour mieux donner des leçons. Film à la fois social et initiatique en même temps qu’une satire corrosive de la société roumaine, ‘Baccalauréat’ est un modèle de scénario, dont toutes les pistes et idées sont exploitées avec intelligence, livrant un film suffisamment complexe pour éveiller un intérêt presque constant. Malheureusement, on peut reprocher à Mungiu de rester dans sa zone de confort. Ce nouveau film est à l’image de ses précédents et creuse un peu plus la veine dans laquelle le cinéaste excelle. Ce manque de nouveauté finit par lasser car la ‘tonalité’ instaurée par Mungiu ne change jamais de film en film et on aimerait être surpris. De plus, déjà à l’œuvre sur ‘Au-delà des Collines’, s’opère un ralentissement dans la narration. Mungiu prolonge ses scènes au-delà du raisonnable, grevant le rythme de son film et amoindrissant son impact. ‘Baccalauréat’ aurait mérité un nouveau passage sur la table de montage pour en faire un film fort et percutant. Néanmoins, le film reste une franche réussite. Avec des idées excellentes et une mise en scène forte, Mungiu nous montre un long-métrage riche et complexe, comportant malheureusement des longueurs et un manque de renouveau flagrant.

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