'Premier Contact' de Denis Villeneuve (10/10)
Lorsque de mystérieux vaisseaux venus du fond de l’espace surgissent un peu partout sur Terre, une équipe d’experts est rassemblée sous la direction de la linguiste Louise Banks afin de tenter de comprendre leurs intentions. Face à l’énigme que constituent leur présence et leurs messages mystérieux, les réactions dans le monde sont extrêmes et l’humanité se retrouve bientôt au bord d’une guerre absolue. Louise Banks et son équipe n’ont que très peu de temps pour trouver des réponses. Pour les obtenir, la jeune femme va prendre un risque qui pourrait non seulement lui coûter la vie, mais détruire le genre humain…
Réalisateur prolifique, Denis Villeneuve parvient, malgré la cadence soutenue qu’il s’impose, à proposer de très grands films. Film-étape avant le nouveau Blade Runner, ‘Premier Contact’ devait être un opus mineur de sa filmographie, mais c’était sans compter sur le talent du metteur en scène québécois qui livre là un des meilleurs films de l’année et un véritable choc visuel. A l’inverse des blockbusters actuels, Denis Villeneuve prend son temps pour installer son récit, appuyé par un scénario véritablement solide et documenté. Jamais un film ‘d’invasion’ extraterrestre n’avait été aussi sérieux et bien construit. Explorant les réactions en chaîne que provoquerait l’arrivée d’aliens dans notre monde, ‘Premier Contact’ s’intéresse bien avant tout à l’Humain, confronté à ses peurs fondamentales et ses doutes. A la fois rigoureux, poétique et émouvant, ‘Premier Contact’ parvient avec insolence à jouer sur tous les tableaux. S’inspirant des grands classiques de science-fiction et de la poésie d’un Terrence Malick, Denis Villeneuve ne fait pourtant pas dans la redite. Il enrobe son récit avec des images d’une force incroyable. A l’image du premier contact entre l’excellente Amy Adams, héroïne absolument émouvante, et les aliens, Denis Villeneuve parvient grâce à sa mise en scène à capter comme personne ne l’a fait avant lui toute la tension et l’effroi de cette rencontre. Suggérant plus que montrant, le réalisateur parvient à installer des scènes puissantes, renforcées par une musique complètement au service de la narration. Le film avance ainsi inexorablement vers sa fin, alignant des scènes magistrales et inoubliables qui, paradoxalement, ne proposent pas de cadrages ou mouvements de caméra grandiloquents. A la fois humble et ambitieuse, cette mise en scène est un véritable bijou qui sublime un scénario d’une intelligence rare. A la fois complexe et abordable, l’écriture est exemplaire. Les héros évitent avec brio la caricature (universitaire ingénue, militaire avide de massacre…) et sont remarquablement interprétés. Si le film avance parfois lentement, chaque scène est utile, nécessaire, pour bâtir un récit d’une puissance superbe. A l’imagine de l’héroïne, le spectateur tâtonne, commence à entrevoir une issue pour conclure avec une ‘révélation finale’ superbement amenée. Denis Villeneuve signe avec ‘Premier Contact’ un remarquable film de science-fiction et un futur classique du genre. A la fois riche et complexe, le film aligne avec maestria des scènes puissantes pour un moment inoubliable. Du grand art !