'Les Animaux Fantastiques' de David Yates (8/10)
Les aventures de Norbert Dragonneau, l’auteur du livre Les Animaux Fantastiques qu’étudiait Harry Potter. New York, 1926. Le monde des sorciers est en grand danger. Une force mystérieuse sème le chaos dans les rues de la ville : la communauté des sorciers risque désormais d'être à la merci des Fidèles de Salem, groupuscule fanatique des Non-Maj’ (version américaine du "Moldu") déterminé à les anéantir. Quant au redoutable sorcier Gellert Grindelwald, après avoir fait des ravages en Europe, il a disparu… et demeure introuvable. Ignorant tout de ce conflit qui couve, Norbert Dragonneau débarque à New York au terme d'un périple à travers le monde : il a répertorié un bestiaire extraordinaire de créatures fantastiques dont certaines sont dissimulées dans les recoins magiques de sa sacoche en cuir – en apparence – banale. Mais quand Jacob Kowalski, Non-Maj’ qui ne se doute de rien, libère accidentellement quelques créatures dans les rues de la ville, la catastrophe est imminente. Il s'agit d'une violation manifeste du Code International du Secret Magique dont se saisit l'ancienne Auror Tina Goldstein pour récupérer son poste d'enquêtrice. Et la situation s'aggrave encore lorsque Percival Graves, énigmatique directeur de la Sécurité du MACUSA (Congrès Magique des États-Unis d'Amérique), se met à soupçonner Norbert… et Tina. Norbert, Tina et sa sœur Queenie, accompagnés de leur nouvel ami Non-Maj’ Jacob, unissent leurs forces pour retrouver les créatures disséminées dans la nature avant qu'il ne leur arrive malheur. Mais nos quatre héros involontaires, dorénavant considérés comme fugitifs, doivent surmonter des obstacles bien plus importants qu’ils n’ont jamais imaginé. Car ils s'apprêtent à affronter des forces des ténèbres qui risquent bien de déclencher une guerre entre les Non-Maj’ et le monde des sorciers.
Spin-off des aventures d’Harry Potter, ‘Les Animaux Fantastiques’ promettait d’être une grosse machine destinée à faire du chiffre, à l’image des trop nombreux blockbusters de cette année, réalisé pour surfer sur la vague toujours bien présente du petit sorcier. Premier constat : s’il est évident que les studios veulent voir la franchise grandir pour en tirer un maximum de profits, ils ne le feront pas au détriment de la qualité artistique et c’est une très bonne nouvelle. Entièrement écrit par l’auteure d’Harry Potter, le scénario est diablement efficace et sans temps mort, soutenu par la réalisation du vétéran de l’univers magique, David Yates, responsable des films Harry Potter depuis le cinquième volume. Si ce ‘produit dérivé’ d’Harry Potter sentait bon l’opportunisme et surtout le manque de créativité général des superproductions actuelles, force est de constater que Yates et Rowling parviennent à élaborer une histoire originale et surtout insuffler une imagination débordante dans chaque coin de cadre. La force de ces ‘Animaux Fantastiques’ réside donc dans cette fraîcheur d’inventivité qui nous fait découvrir de nouvelles idées toutes les cinq minutes. Loin d’être un long-métrage hystérique qui balance ses références sans discernement (la scène du lac gelé rappellera King Kong, l’attaque de la ville Godzilla…), le film se déploie lentement mais sûrement. Si l’on note une légère tendance au remplissage, afin d’étaler le plus possible la narration, celui-ci reste toujours prenant, montrant à chaque fois de nouvelles créatures qui viennent enrichir un univers très fourni et varié, férocement attachant. Chaque pierre apportée à l’édifice se rajoute au bon moment et relance l’intérêt du film qui reste donc toujours constant. ‘Les Animaux Fantastiques’ est donc une véritable ode à l’imaginaire et propose des idées de mise en scène et d’écriture absolument divines. Tour à tour drôle et émouvant, le film reste la plupart du temps bien écrit et assez subtil, forçant ci et là le trait mais jamais de trop. Si l’histoire, dans le fond, n’est pas très originale, Yates et Rowling l’emballent d’une merveilleuse manière, faisant de ce ‘spin-off’ un des meilleurs blockbusters de cette année. Malheureusement, le scénario n’évite pas certains passages obligés et des ‘révélations’ que les plus aguerris pourront facilement deviner. ‘Les Animaux Fantastiques’ manque souvent d’audace et c’est fort dommage. De plus, si les acteurs sont excellents, on pourra reprocher à Eddie Redmayne de resservir ses tics trop appuyés de ‘Danish Girl’. Malgré quelques défauts et certains passages obligés du cahier des charges de tout blockbuster hollywoodien, ‘Les Animaux Fantastiques’ est une vraie réussite. Frais, inventif, très bien écrit et réalisé, c’est un formidable divertissement !