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'Moi, Daniel Blake' de Ken Loach (6/10)

Pour la première fois de sa vie, Daniel Blake, un menuisier anglais de 59 ans, est contraint de faire appel à l’aide sociale à la suite de problèmes cardiaques. Mais bien que son médecin lui ait interdit de travailler, il se voit signifier l'obligation d'une recherche d'emploi sous peine de sanction. Au cours de ses rendez-vous réguliers au « job center », Daniel va croiser la route de Katie, mère célibataire de deux enfants qui a été contrainte d'accepter un logement à 450km de sa ville natale pour ne pas être placée en foyer d’accueil. Pris tous deux dans les filets des aberrations administratives de la Grande-Bretagne d’aujourd’hui, Daniel et Katie vont tenter de s’entraider…


Après le très bon drame historique Jimmy’s Hall, Ken Loach revient à son genre de prédilection, le drame social, et remporte la plus grande récompense du cinéma d’auteur : la Palme d’Or. Deuxième fois palmé, la première fois pour l’excellent ‘Le Vent se Lève’, on pouvait présumer un retour gagnant pour le réalisateur britannique mais malheureusement, comme beaucoup de prix décernés cette année, le film reste bien en dessous des espérances. ‘Moi, Daniel Blake’ est un assez bon film, c’est certain. Cette histoire d’un pauvre homme pris dans l’étau de l’administration britannique est suffisamment universelle pour parler à chacun, et Ken Loach, comme à son habitude, soulève toute l’indignation nécessaire pour faire bouger les choses et rendre sa fiction poignante. Merveilleux directeur d’acteurs, il les rend crédibles et toujours justes et les comédiens portent très bien le film sur leurs épaules. Le scénario de Paul Laverty, s’il demeure assez convenu et parsemé de longueurs, est cependant bien documenté et intéressant. Mais malheureusement, le film s’oriente rapidement sur une pente assez convenue, tant au point de vue du fond que de la forme. Le principal défaut de Ken Loach est qu’il prend un parti total pour son héros et sa position à la limite de la complaisance aurait gagné à trouver plus de nuances. Tout comme dans ‘Ladybird’, l’un de ses premiers films, Ken Loach montre toutes les failles de son héros mais excuse beaucoup trop ses actes, ce qui amoindrit beaucoup la force et les nuances de ses personnages. Si Ken Loach parvient à rendre quelques scènes véritablement poignantes, il dissémine trop la tension de son film, amoindrissant le cri du cœur que devrait représenter le parcours de Daniel Blake. Les confrontations avec l’administration sont réussies mais manquent parfois de punch, comme si Ken Loach s’émoussait dans sa capacité d’indignation. D’un point de vue purement formel, le film est techniquement très simple, bien loin des magnifiques plans de certains de ses précédents longs-métrages. Comme fatigué, Ken Loach livre un film assez plat et peu travaillé, dont la mise en image est faite sans grande imagination. Si bien que l’on se demande comment un tel film, plutôt bon mais anecdotique, puisse remporter un prix si prestigieux. ‘Moi, Daniel Blake’ est un assez bon film mais il reste une anecdote dans la grande carrière de son metteur en scène. Tout à fait regardable mais curieusement assez plat, il montre un essoufflement évident dans l’inspiration de Ken Loach. Reste une bonne critique sociale qui fera réfléchir.

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