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'Aquarius' de Kleber Mendonça Filho (6/10)

Clara, la soixantaine, ancienne critique musicale, est née dans un milieu bourgeois de Recife, au Brésil. Elle vit dans un immeuble singulier, l'Aquarius construit dans les années 40, sur la très huppée Avenida Boa Viagem qui longe l’océan. Un important promoteur a racheté tous les appartements mais elle, se refuse à vendre le sien. Elle va rentrer en guerre froide avec la société immobilière qui la harcèle. Très perturbée par cette tension, elle repense à sa vie, son passé, ceux qu’elle aime.


Deuxième film du réalisateur brésilien Kleber Mendonça Filho, ‘Aquarius’ est porté par la merveilleuse Sonia Braga dans un rôle qui lui sied à merveille. Plébiscité par la presse, ce nouveau long-métrage en vaut-il la chandelle ? Pour commencer, la mise en scène d’Aquarius est en tout point mémorable. A la fois conservant un côté vintage par ses zooms rapides et jouant d’une manière toute contemporaine sur la perspective, le film est une réussite en termes de réalisation. Toujours claires, sensibles, et renouvelées, les images sont sublimement agencées et le réalisateur possède de multiples idées pour apporter toujours plus de fraîcheur dans son dispositif. A la fois aventure personnelle et reflet d’une société brésilienne soumise aux dures lois du capitalisme sauvage, le film sait partir de l’intime pour conter quelque chose de plus grand, qui peut parler à tous. Ambitieux sur la forme et le fond, cette simple histoire de ‘relocalisation’ va prendre une ampleur et une dimension romanesque intéressantes. ‘Aquarius’ est porté par une merveilleuse actrice, touchante et investie, et pourrait être une parfaite réussite s’il s’était décidé à aller jusqu’au bout de ses problématiques. Première déception : le film est très long et prend énormément de temps pour raconter peu. Si les scènes quotidiennes prises séparément sonnent toujours justes, mises bout à bout, elles grèvent le rythme du film qui n’osera jamais frontalement s’attaquer à son principal sujet. Kleber Mendonça Filho joue sur la frustration en faisant avancer l’action à pas de fourmis. Et quand celle-ci s’emballe et se révèle dans toute son ignominie, il clôt son film. Le scénario hésite donc entre plusieurs directions et fait de multiples détours afin de traiter son principal sujet. Ces multiples détours ne sont pas tous pertinents, servant surtout à décrire le quotidien de cette héroïne à la force de caractère hors du commun. Le réalisateur aborde au travers de cette histoire plusieurs thématiques mais ne les fouillera jamais complètement, rendant ‘Aquarius’ intéressant mais finalement assez plat. S’il essaie de faire décoller la tension, le suspens à certains endroits, il annihile ensuite ses effets en racontant une scène banale, et gâche donc un peu la montée dramatique de l’histoire. ‘Aquarius’ aurait pu être un grand film. Réalisation superbe et comédiens en état de grâce, le film s’égare malheureusement sur plusieurs chemins de traverse et frustre son spectateur en n’allant jamais au bout de ses idées. Reste une peinture intéressante du Brésil et de beaux moments de cinéma.




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