top of page

'Juste la Fin du Monde' de Xavier Dolan (1/10)

Après douze ans d’absence, un écrivain retourne dans son village natal pour annoncer à sa famille sa mort prochaine. Ce sont les retrouvailles avec le cercle familial où l’on se dit l’amour que l’on se porte à travers les éternelles querelles, et où l’on dit malgré nous les rancœurs qui parlent au nom du doute et de la solitude.


Auréolés du ‘Grand Prix’ au festival du Cannes après le succès critique et public de ‘Mommy’, Xavier Dolan et son ‘Juste la Fin du Monde’ semblent recevoir tous les honneurs. Malheureusement, son dernier long-métrage est un ratage presque total tant le réalisateur québécois pousse les curseurs à l’extrême et livre une œuvre creuse et vaine. Explications d’un échec total. ‘Juste la Fin du Monde’ est alléchant sur le papier grâce à cette réunion de famille dysfonctionnelle portée par un casting 4 étoiles. Mais Xavier Dolan va de bout en bout se tirer des balles dans le pied en exagérant jusqu’à l’extrême ce qui faisait la force de son cinéma. Le traitement si frais, juvénile et vivifiant qu’il développait dans ses précédents films laisse place à une lourdeur absolument incompréhensible et plombe d’un bout à l’autre cette adaptation d’une pièce de théâtre. Foncièrement, rien ne marche dans ce film détestable et l’exubérance exquise de son auteur devient totalement putassière. Dans ‘Juste la Fin du Monde’, tout est surligné, surmontré, surjoué… Dès les premiers échanges de regards entre Gaspard Ulliel et Marion Cotillard, qui durent pendant des plombes pour bien montrer leur entente sous-jacente, le ton est donné, tout sera dans la démesure. Entre des passages musicaux dignes d’une scène épique de Lawrence d’Arabie pour accompagner une scène somme tout banale, aux bégaiements répétés des comédiens qui pour souligner leur difficulté de communiquer prennent trois minutes pour dire deux phrases, le film de Xavier Dolan est un long chemin de croix qui minera la patience de beaucoup de spectateurs. Pour mettre en images l’isolement psychologique de chaque membre de la famille, Xavier Dolan, les isole dans son cadre pendant presque tout le film, appauvrissant sa mise en scène de manière trop bête et littérale, surlignant complètement son propos. Les joutes verbales, qui auraient pu instaurer une dramaturgie poignante, sont épuisantes car, voulant exagérer l’incompréhension de ses personnages, Dolan les rend toujours absconses et sans queue ni tête. On ne comprend jamais pourquoi Vincent Cassel, dans une caricature de ses précédents rôles, se met à crier, on ne comprend jamais l’hystérie d’une Nathalie Baye complètement extravagante. A l’image de la dispute de la voiture qui n’a strictement aucun sens, Xavier Dolan vide les conversations de toute leur substance pour bien montrer (au cas où l’on ne comprendrait pas), que ses ‘héros’ fonctionnent sans véritable schéma, sans véritable ouverture sur les autres. Si les scènes d’hystérie surjouées (notamment la dernière qui encore une fois n’a absolument aucun sens ni aucune direction) n’ont pas raison de la patience du spectateur, ces dialogues interminables et ces bégaiements ou silences l’achèveront probablement. La dernière scène, d’un symbolisme tellement évident et terre-à-terre qu’il devient complètement nunuche, achèvera de montrer la vacuité d’un film qui n’a rien à raconter : aucune matière, aucune évolution dans les personnages qui se quittent comme ils se sont retrouvés, c’est lassant. Lourd et vain, ‘Juste la Fin du Monde’ est une catastrophe inattendue…

Recent Posts
bottom of page