top of page

'Le Fils de Jean' de Philippe Lioret (9/10)

À trente-trois ans, Mathieu ne sait pas qui est son père. Un matin, un appel téléphonique lui apprend que celui-ci était canadien et qu'il vient de mourir. Découvrant aussi qu’il a deux frères, Mathieu décide d'aller à l'enterrement pour les rencontrer. Mais, à Montréal, personne n'a connaissance de son existence ni ne semble vouloir la connaître…


Poursuivant dans la veine du cinéma humaniste qui l’a fait connaître, Philippe Lioret propose avec ‘Le Fils de Jean’ un nouveau film sur les rapports enfants-parents et approfondit un peu plus la thématique abordée dans ‘Je vais bien, ne t’en fais pas’.

On craignait la redite mais le réalisateur a encore bien des choses à raconter et propose un film touchant et attachant qui, bien que assez classique de la part de son auteur, montre une maîtrise rare.

‘Le Fils de Jean’ est une réussite à plus d’un titre. Portant le film sur ses épaules, Pierre Deladonchamps est une nouvelle fois impeccable dans un rôle pas évident. Rendant parfaitement l’intériorité de son personnage, il parvient à le rendre malgré tout expressif.

La réussite du film tient en grande partie à cela : Philippe Lioret parvient à capter dans le regard de ses comédiens et dans les situations qu’il filme des instants humains et émouvants qui passent essentiellement par le non-dit, apportant une subtilité impressionnante à l’entreprise.

Poursuivant dans la thématique du secret familial, le film reste pudique mais parvient malgré tout à émouvoir grâce à la merveilleuse sensibilité de son auteur et de ses acteurs. Philippe Lioret parvient avec une maitrise parfaite à rythmer son film de manière efficace et insuffler de l’émotion dans des scènes à priori banales.

Chez lui, le silence est une action à part entière et contient parfois beaucoup plus de sentiments que dans n’importe quel mélodrame servi par une guimauve musicale tonitruante. Dans son traitement, il se rapproche presque d’un certain cinéma japonais, dans sa volonté de rester simple tout en instaurant de grands moments de cinéma.

Sous ses airs de film simple, ‘Le Fils de Jean’ est d’une maîtrise incroyable. Si l’on s’attend à des révélations importantes à la fin du film, comme Philippe Lioret l’installait à la fin de ‘Je vais bien, ne t’en fais pas’, il en maîtrise parfaitement les codes et joue intelligemment avec le spectateur pour l’égarer avec des fausses pistes toujours bien menées.

Jamais larmoyant ni démonstratif et servi par des comédiens hors-pair, ‘Le Fils de Jean’ est un très beau film. Si l’on peut regretter que Philippe Lioret ne prenne pas plus de risques en proposant un film radicalement différent, on ne peut que constater sa parfaite maîtrise et son incroyable talent dans ce qu’il sait faire de mieux. Le réalisateur est au sommet de son art.


Recent Posts
bottom of page