'Moka' de Frédéric Mermoud (5/10)
Munie de quelques affaires, d’un peu d’argent et d’une arme, Diane Kramer part à Evian. Elle n’a qu’une obsession : retrouver le conducteur de la Mercedes couleur moka qui a renversé son fils et bouleversé sa vie. Mais le chemin de la vérité est plus sinueux qu’il n’y paraît. Diane devra se confronter à une autre femme, attachante et mystérieuse…
Deuxième film du réalisateur suisse Frédéric Mermoud, ‘Moka’ est adapté d’un roman de Tatiana de Rosnay. Retrouvant Emmanuelle Devos après son premier film ‘Les Complices’, le réalisateur raconte le combat d’une femme pour retrouver le responsable de la mort de son fils.
Récit prenant et bien construit, la trame de ‘Moka’ est soignée et garde un excellent rythme du début à la fin. Grâce à l’interprétation impeccable d’Emmanuelle Devos qui de par son expressivité donne parfaitement corps à son personnage, le film se laisse regarder, soutenu par un casting également impeccable. Nathalie Baye est parfaite dans un rôle opaque, mystérieux, et donne toute l’ambigüité nécessaire.
On regarde donc ‘Moka’ sans déplaisir mais au bout du visionnage, le constat s’impose : le film ne tient pas vraiment toutes ses promesses. S’il se repose à juste titre sur le duel réussi entre ses deux actrices, le réalisateur peine à s’impliquer dans l’histoire.
En résulte un film correct et bien filmé mais très froid et plat. Si l’intention du réalisateur semble se trouver dans la retenue et la simplicité, son parti pris ne vacille pas d’un iota alors que les situations dramatiques et les rebondissements s’enchaînent à l’écran. Ainsi, le film ne connaîtra pas vraiment de climax et l’intensité dramatique en sera presque absente.
Trop retenu, ‘Moka’ aurait pu faire naître beaucoup plus d’émotions et beaucoup mieux partager celles qui traversent son héroïne. On ressort du film sans vraiment avoir pu sentir les tensions dramatiques ni toute la violence contenue dans ces personnages ambigus. La faute à une mise en scène finalement assez banale. Si Frédéric Mermoud sait parfaitement mettre en place son récit et introduire ses personnages, il n’insuffle pas assez de rythme dans les séquences dramatiques.
‘Moka’ est donc finalement assez décevant. En refusant tout effet dramatique, Frédéric Mermoud empêche la sauce de vraiment prendre et ne peut compter dès lors que sur ses deux merveilleuses actrices. Ce serait plutôt un bon téléfilm mais malheureusement un long-métrage moyen. Dommage.