'Suicide Squad' de David Ayer (1/10)
Les pires méchants de l’univers DC Comics réunis dans un même film. C'est tellement jouissif d'être un salopard ! Face à une menace aussi énigmatique qu'invincible, l'agent secret Amanda Waller réunit une armada de crapules de la pire espèce. Armés jusqu'aux dents par le gouvernement, ces Super-Méchants s'embarquent alors pour une mission-suicide. Jusqu'au moment où ils comprennent qu'ils ont été sacrifiés. Vont-ils accepter leur sort ou se rebeller ?
Après un marathon marketing éreintant et un peu foutoir, ‘Suicide Squad’ débarque sur les écrans, accompagné de critiques catastrophiques. Si on pouvait attendre le meilleur de David Ayer, responsable des très bons ‘End of Watch’ et ‘Fury’, force est de constater que le film est raté. Si ‘Batman contre Superman’ était, malgré de gros défauts, défendable, ‘Suicide Squad’ restera malheureusement gravé dans les mémoires comme un des films les plus bêtes jamais réalisés. Explications. Les nombreux remaniements subis par le film suite aux mauvais retours de l’affrontement entre Superman et Batman n’expliquent pas complètement l’échec mais participent à la débandade générale. Sur le papier, le film s’annonçait excellent. Réservoir subversif de méchants tous plus fêlés les uns que les autres, ‘Suicide Squad’ se voulait être un divertissement différent des guimauves Marvel, reprenant et amplifiant l’univers sombre de la trilogie ‘The Dark Knight’. Malheureusement, ‘Suicide Squad’ n’est pas réalisé pour des raisons artistiques mais pour des raisons économiques. La première demi-heure est une longue introduction foutraque qui enchaîne de petites scènes de présentation en une bande-annonce interminable. Ce passage, qui aurait mérité à lui seul trois ou quatre films, a pour seul but d’ouvrir l’univers étendu DC Comics en vue d’autres films qui développeront mieux les idées. Cela fait donc trente minutes de publicité pour des films pas encore tournés. Si l’histoire met donc du temps à démarrer, on regrette déjà le prix du ticket tant le scénario accumulera des incohérences si béantes qu’elles en deviennent scandaleuses. Affront véritable à l’intelligence du spectateur (mais en a-t-il tant que cela ?), le film multiplie les raccourcis et les bêtises et ferait passer le plus mauvais Marvel pour un Prix du Scénario au Festival de Cannes. Exemples choisis : Le débarquement du ‘Suicide Squad’ dans une ville est soudain perturbé par des tirs venus d’on ne sait où, mais la fine équipe débarque sans répliquer ni même faire mine d’attaquer son agresseur pour poursuivre la mission comme si de rien n’était. Les ‘gentils’ posent une bombe dans un métro sans trop savoir pourquoi car la menace du film n’est pas encore dessinée, et la grande méchante de l’histoire est au courant mais elle va quand même installer son quartier général juste au-dessus… Les situations débiles sont trop nombreuses pour être ignorées et mériteraient à leurs auteurs des procès pour atteinte à l’intelligence humaine, soulignées par une réalisation médiocre et à côté de la plaque dans les scènes d’action. David Ayer ne propose rien de neuf et fait vite rentrer ‘Suicide Squad’ dans un blockbuster formaté et plat. Pire, les effets spéciaux sont horribles, mention spéciale à l’Enchanteresse qui baigne dans une bouillie numérique indigeste. Les acteurs sont passables mais Jared Leto, censé pulvériser l’interprétation légendaire d’Heath Ledger dans le rôle du Joker, est ridicule tant il en fait des tonnes. Tout ceci pourrait être pardonné si le film proposait quelque chose de neuf mais c’est raté. Le traitement d’Harley Quinn est limite scandaleux tant il enchaîne les poncifs machistes (femme bien soumise qui rêve d’enfants et d’une vie à l’américaine avec un Joker redevenu gentil) en complète contradiction avec l’aspect premier du personnage, et ces fameux méchants incontrôlables qui s’unissent presque sans accrocs et qui deviennent de parfaits sauveurs a de quoi faire sourire. Bête, mal filmé, mal monté, ‘Suicide Squad’ confirme que l’année 2016 est l’année de trop pour les blockbusters. A ranger à côté de ‘Warcraft’ au rayon oubliette…