top of page

'Triple 9' de John Hillcoat (3/10)

Ex-agent des Forces Spéciales, Michael Atwood et son équipe de flics corrompus attaquent une banque en plein jour. Alors qu'il enquête sur ce hold-up spectaculaire, l'inspecteur Jeffrey Allen ignore encore que son propre neveu Chris, policier intègre, est désormais le coéquipier de l'un des malfrats. À la tête de la mafia russo-israélienne, la redoutable Irina Vlaslov ordonne à l'équipe d'effectuer un dernier braquage extrêmement risqué. Michael ne voit qu'une seule issue : détourner l'attention de l'ensemble des forces de police en déclenchant un code "999" – signifiant "Un policier est à terre". Mais rien ne se passe comme prévu…


Après les très bons ‘Des hommes sans Loi’ et ‘La Route’, œuvres classiques mais parfaitement maîtrisées, John Hillcoat revient avec un film de gangsters au casting impressionnant, allégrement comparé à l’indépassable ‘Heat’ de Michael Mann. Nouvelle réussite en vue pour le réalisateur australien ? Malheureusement pas. ‘Triple 9’ est en soi un film de bonne facture. Bien réalisé, bien interprété, on ne pourra déplorer qu’une photographie à la limite du lisible dans certaines scènes nocturnes. John Hillcoat fait du bon travail, soigné comme à son habitude. Mais ‘Triple 9’ possède un très gros problème : il arrive des années trop tard. Après des monuments tels les chefs-d’œuvre de Scorsese ou de Mann, cité plus haut, le film n’a plus rien à raconter et on se demande ce qui a pu pousser à sa réalisation. ‘Triple 9’ est tout simplement un film hyper bourrin et sans finesse dans son traitement. Comme le veut la mode actuelle, le film est très sombre mais Hillcoat pousse tous ses curseurs à fond pour souligner toutes ses intentions. Il est pénible de suivre pendant deux heures des personnages tous plus détestables les uns que les autres. Les méchants y sont méchants, les gentils y sont vulgaires et (presque) aussi méchants, tous semblent sortis d’une Amérique profonde et désœuvrée. L’histoire ne propose malheureusement aucune nuance ou finesse. Les (antis) héros ne semblent posséder aucun background, aucune véritable psychologie et leurs hésitations ou retournements sont toujours impulsifs, jamais vraiment expliqués ou amorcés et donc jamais vraiment bien traités. L’effet pervers est que le spectateur n’aura aucun attachement pour eux, rendant les enjeux dramatiques presque inexistants. Hillcoat aurait pu sauver son film en proposant quelque chose de plus fouillé, une seconde lecture salvatrice qui aurait éclairé les (souvent mauvaises) motivations de ses héros, mais il n’en fera rien, se contentant de dérouler un récit plat et ultra balisé. Détestables, ces bandits et flics parfois maladroits, toujours très ‘beaufs’, sont heureusement bien interprétés par des comédiens excellents, même si l’on regrettera qu’Aaron Paul soit employé dans un rôle complètement identique à celui du junkie paumé de Breaking Bad. John Hillcoat, peut-être pour mieux coller à la crasse de ses héros, adopte une réalisation efficace mais vulgaire, qui se vautre dans la violence graphique sans véritable raison, et dans les plans de femmes dénudées visiblement là pour contenter le spectateur masculin moyen et bas du front. Bas du front est le mot pour qualifier ‘Triple 9’. Facile, exagéré, dénué de toute nuance, le film est grossier, à l’image de ses personnages. Si les scènes d’action sont pourtant bien rythmées et dirigées, l’absence d’enjeux désamorce complètement l’issue de l’entreprise. Visiblement taillé pour un public peu exigeant, ‘Triple 9’ est un film un peu bête, sans nuance, sans aucun niveau de lecture, poussant le spectateur à se détacher et détester tous ses personnages pendant deux heures. Pénible.

Recent Posts
bottom of page