'Adopte un Veuf' de François Desagnat (6/10)

Lorsqu’on est veuf depuis peu, il est difficile de s'habituer à sa nouvelle vie... C’est le cas d’Hubert Jacquin, qui passe le plus clair de son temps dans son immense appartement à déprimer devant sa télé. Un beau jour, suite à un quiproquo, sa vie va être bouleversée. Manuela, une jeune et pétillante baroudeuse à la recherche d’un logement s’invite chez lui ! D’abord réticent, Hubert va vite s’habituer à la présence de cette tempête d’énergie, qui parvient même à le convaincre de loger deux autres personnes. Entre les errements de Paul-Gérard que sa femme a quitté et les gardes à l'hôpital de Marion la jeune infirmière un peu coincée, la vie en colocation va réserver à Hubert de nombreuses surprises…

Réalisateur de films pas forcément prestigieux comme ‘Les 11 commandements’ ou encore ‘La Beuze’, François Desagnat revient avec un projet plus sérieux sur le papier, emmené par l’impeccable André Dussollier. ‘Adopte un Veuf’ est une comédie très classique mais bien réalisée. Grâce notamment au soin de la mise en scène, toujours claire et rythmée, et surtout grâce à ses acteurs, attachants et excellents. André Dussolier est une nouvelle fois excellent dans ce rôle tragi-comique, et ne caricature jamais un personnage qui aurait pu être détestable et pathétique. Accompagné par une Bérangère Krief toute en énergie et en bonté, et d’autres comédiens aux rôles vraiment attachants, le film fonctionne grâce à l’alchimie et le jeu excellent des acteurs. Le film ne déclenche pas des fous rires toutes les minutes mais possède une légèreté de ton bien amenée, reprenant le meilleur des codes du ‘buddy movie’, pour insuffler une humanité et une bonne humeur qui ne tombent jamais dans la mièvrerie. Bien équilibré, le film a du rythme, du contraste, des situations et un scénario efficaces, et l’on passe un très bon moment. Malgré ces qualités, ‘Adopte un Veuf’ reste malgré tout trop classique pour vraiment devenir un film phénomène à la ‘Intouchables’. Le spectateur attentif et connaisseur pourra très vite prévoir ce qu’il va se passer et le réalisateur cède souvent à la facilité scénaristique pour ne pas trop se compliquer la tâche. Tout a été déjà plus ou moins vu ailleurs et les rôles et les situations tombent souvent dans le stéréotype (la boulangère commère, l’infirmière au grand cœur etc…) et les raccourcis. Le revirement d’André Dussollier post-deuil paraît facile et d’homme bobo et coincé il devient en quelques plans un fêtard à l’aise et noceur. Ces raccourcis sont maladroits et même si l’on comprend la volonté de garder un rythme et un intérêt soutenu, le film n’explore pas toutes les pistes intéressantes qui auraient amené un ‘plus’ à la comédie. ‘Adopte un Veuf’ est donc une comédie très classique mais réalisée avec beaucoup d’énergie et surtout bien équilibrée. Malgré un réalisateur qui cède à quelques facilités, on passe un très bon moment grâce à une brochette d’acteurs en osmose et des péripéties qui bien que classiques, fonctionnent parfaitement. A découvrir !

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