'Le Coeur Régulier' de Vanja d'Alcantara (5/10)
- Sylvain Ruffier
- 27 avr. 2016
- 2 min de lecture
Trop longtemps séparée de son frère, Alice se rend sur ses traces au Japon, dans un village hors du temps, au pied des falaises. Ici, Nathan avait retrouvé l'apaisement auprès d'un certain Daïsuke. C'est au tour d'Alice de se rapprocher du vieil homme, et de ses hôtes. Dans une atmosphère toute japonaise, elle se remet à écouter son cœur…
Deuxième film de la réalisatrice belge Vanja d’Alcantara, ‘Le Cœur Régulier’ embarque Isabelle Carré dans une odyssée japonaise adaptée d’un roman d’Olivier Adam.
Le film s’ouvre sur la vie d’Alice, qui piégée dans sa vie, retrouve son frère après de longues absences. Film sur la vie et la renaissance, ‘Le Cœur Régulier’ se construit en deux parties, l’une très ‘française’, l’autre s’inspirant grandement du Japon et de la doctrine zen.
Ces deux parties traitées différemment pourraient déséquilibrer le film mais il trouve au contraire une certaine logique dans ce contraste. Malheureusement, ce basculement n’empêchera pas le film de passer à côté de son sujet et de laisser le spectateur sur sa faim.
L’exposition du film présente une situation très classique et des dialogues pas toujours naturels et très écrits. Très ‘française’ dans son approche, l’introduction manque clairement de subtilité ou de nouveauté mais reste efficace, à défaut d’aller au fond des choses. Le mal-être d’Alice et de son frère ne seront qu’évoqués, sans que l’on comprenne les causes ou les raisons d’un tel malaise.
Le film change donc de point de vue avec l’arrivée d’Alice au Japon. Inspirée par les paysages magnifiques, la réalisatrice propose des images superbes mais ne renouvelle pas assez ses plans qui finissent par devenir répétitifs, surtout qu’ils ne racontent pas toujours quelque chose de passionnant, à l’image de ceux qui filment Alice de dos pendant ses déplacements, utilisés tout du long.
Le film, dans sa partie japonaise, ralentit son rythme et devient silencieux. S’il essaie de s’inspirer des réalisateurs japonais, le film n’en saisit que les apparats et finit par être creux. Le manque de dialogues n’aide pas à expliquer les changements intérieurs et le retour vers la vie d’Alice, et la réalisatrice peine à l’illustrer efficacement à l’image.
Le film reste agréable à regarder malgré ses lenteurs mais il passe à côté de beaucoup. Le personnage du frère est presque évacué, resurgissant de temps à autre sans réelle finesse. Le japonais qui sauve ceux qui veulent mourir est taiseux et on ne comprend pas toujours comment il aide ses protégés…
Si l’absence de dialogues n’est pas un problème en soi, le film ne montre toujours que la surface des choses et le voyage intérieur du personnage d’Alice se termine finalement assez rapidement, sans réelle prise de conscience, sans réel exercice de deuil.
‘Le Cœur Régulier’ est de bonne facture mais traite son sujet trop superficiellement, laissant le spectateur sur sa faim. Dommage.