'Les Visiteurs-La Révolution' de Jean-Marie Poiré (0/10)
- Sylvain Ruffier
- 14 avr. 2016
- 3 min de lecture
Bloqués dans les couloirs du temps, Godefroy de Montmirail et son fidèle serviteur Jacquouille sont projetés dans une époque de profonds bouleversements politiques et sociaux : la Révolution Française... Plus précisément, la Terreur, période de grands dangers pendant laquelle les descendants de Jacquouille La Fripouille, révolutionnaires convaincus, confisquent le château et tous les biens des descendants de Godefroy de Montmirail, aristocrates arrogants en fuite dont la vie ne tient qu'à un fil.
Comédie hautement populaire et réussie, ‘Les Visiteurs’, sorti en 1993 continue d’être, vingt ans plus tard, une des meilleures productions comiques hexagonales. Si la suite était bien en deçà de l’original, elle faisait perdurer un univers drôle et attachant et se justifiait malgré tout.
L’idée de ramener presque vingt ans plus tard nos héros là où nous les avions laissés sentait bon l’argument économique, appuyé par une bande-annonce assez discutable. ‘Les Visiteurs-La Révolution’ est-il finalement à la hauteur ? Malheureusement non.
Ce film est tout bonnement une aberration monumentale et probablement une des pires horreurs produites ces dix dernières années, massacrant complètement une franchise chérie dans le cœur des français.
Presque vingt ans d’attente pour accoucher d’un tel désastre, c’est terrible. Le scénario, lamentable, semble avoir été écrit par une congrégation d’élèves en maternelle. Ecrit par Jean-Marie Poiré et Christian Clavier, il enchaîne les maladresses d’écriture et les discours d’un vide abyssal. Faisant souvent un surplace embêtant (les scènes se déroulant à Paris s’éternisent sur tout le film), avançant par à-coups, le scénario n’a aucune direction. Alors que Godefroi se donne pour mission de ‘remettre le dauphin sur le trône’, il abandonne l’idée sans explications. Le film s’attarde sur un groupe de nobles pour ensuite l’abandonner sans aucune raison à la fin du film. L’objectif véritable de nos héros bien connus se révèle après une heure de film puis se résout en dix minutes. D’une confusion totale malgré sa simplicité, ce scénario est probablement le plus bête et bancal écrit ces dernières années.
Rien n’est bien écrit ou cohérent mais cela pourrait passer si le film était drôle. A part décrocher quelques sourires, ‘Les Visiteurs’ se vautre lamentablement dans des blagues constamment pipicatesques. L’unique sujet de plaisanterie semble être l’odeur de Jacquouille et les gros mots, c’est un peu léger, et les scénaristes n’exploitent jamais autre chose que cela.
Les dialogues, d’une bêtise confondante, sont tellement mauvais que pour instaurer un semblant de rythme dans la mise en scène, les acteurs crient tout le long du film. Complètement hystériques sans raison apparente, les personnages hurlent d’un bout à l’autre et c’est tout bonnement insupportable sur plus d’une heure de film.
‘Les Visiteurs-La Révolution’ semble être un repère pour comédiens en creux de carrière mais ce n’est pas ce film qui va résoudre leurs problèmes. Malgré un très bon casting, les acteurs jouent comme des pieds, complètement désinvestis et désarmés face aux dialogues nullissimes et bas du front qu’ils doivent énoncer.
La réalisation est mauvaise et hystérique, le film se voulant rythmé grâce au bruit et à la confusion qu’il déclenche. La lumière est une catastrophe, notamment sur les scènes de nuit, d’un bleu qu’on ne retrouve, dans la vie réelle, que dans les boîtes de nuit.
Indigeste de bout en bout et prenant le spectateur pour un demeuré en alignant des répliques de maternelles retardés, ‘Les Visiteurs-La Révolution’ est bien plus qu’un mauvais film. C’est une honte pure et simple. Prendre la nostalgie du spectateur et la piétiner avec autant de mauvaise volonté, simplement pour lui soutirer du fric, cela devrait être puni par la loi.
Si tout le monde s’attendait à une suite un peu faible, personne ne pouvait imaginer l’ampleur du désastre…