'A Bigger Splash' de Luca Guadagnino (2/10)
Lorsque la légende du rock Marianne Lane part sur l’île méditerranéenne de Pantelleria avec Paul, son compagnon, c’est pour se reposer. Mais quand Harry, un producteur de musique iconoclaste avec qui Marianne a eu autrefois une liaison, débarque avec sa fille Pénélope, la situation se complique. Le passé qui ressurgit et beaucoup de sentiments différents vont faire voler la quiétude des vacances en éclats. Personne n’échappera à ces vacances très rock’n’roll…
Nouvelle collaboration avec l’actrice Tilda Swinton après ‘Amore’, le film de Luca Guadagnino est un remake du classique ‘La Piscine’, qui filmait la rencontre entre Romy Schneider et Alain Delon.
Le réalisateur pose son cadre dans l’Italie du Sud, entouré par des décors naturels somptueux qui lui permettent d’élaborer une mise en scène élégante et soignée. Malheureusement, il n’y aura que cette mise en image pour sauver un film dont l’absence de contenu se fait ressentir tout du long.
Si les premières dizaines de minutes posent efficacement le cadre de l’histoire, l’amour entre Tilda Swinton et Matthias Schoenaerts, l’arrivée de l’ancien ami de celle-ci et de sa fille, joués par Ralph Fiennes et Dakota Johnson, on remarque bien vite que le réalisateur n’a rien à dire. Cette introduction va s’étaler pendant plus d’une heure et se parsemer de séquences complètement inutiles ou vides de sens.
Montrant la vie de vacanciers des riches artistes, les séquences, toujours très bien filmées montrent la vacuité de cette vie (mais n’est-ce pas le but des vacances) mais pas grand-chose d’autre. On s’attarde sur des torses musclés, sur des fesses, on filme les envies lubriques de chacun, les occupations du jour et du soir, et c’est tout.
Luca Guadagnino semble penser que sa mise en scène suffit à maintenir l’intérêt d’un scénario fait de vide mais c’est raté. Passant complètement à côté de l’aspect psychologique de l’histoire, n’expliquant jamais à fond les sentiments et les motivations de ses personnages, il tient à distance le spectateur. Ici, la petite fille pleure sans que l’on sache pourquoi, l’héroïne finit par pardonner un meurtre sans que l’on comprenne sa mansuétude.
Le réalisateur, plutôt que d’approfondir les thématiques qu’il ne fait qu’exposer brièvement (la drogue, la jalousie, la rancœur, le sentiment amoureux, la tromperie, la célébrité etc…), il préfère bourrer son film d’illustrations absconses telles une balade en pleine nature qui s’étale sur cinq minutes pour que les personnages énoncent trois phrases complètement sans intérêt, ou encore la préparation d’une ricotta.
‘A Bigger Splash’ devient un long chemin de croix tant le film est creux et ennuyeux. Le réalisateur semble vouloir mêler une histoire de migrants (on est géographiquement pas loin de Lampeduza) mais on ne comprend pas ce qu’il veut en faire puisqu’il ne l’exploite jamais.
Le film est censé être un thriller mais qui n’apparaît que dans la dernière moitié. L’évènement perturbateur est tellement mal amené et préparé que le basculement du scénario vers l’univers du polar est raté et aussi ennuyeux que le reste.
Il y avait une multitude de pistes à explorer dans cette histoire, des dizaines de choses à dire sur chaque personnage et son rapport aux autres, mais Luca Guadagnino semble au-dessus de telles considérations.
Poseur, prétentieux et complètement vide, son film est un ratage complet et un ennui ensoleillé de plus de deux heures. A éviter !