'Batman V Superman : L'aube de la Justice' de Zack Snyder (7/10)
- Sylvain Ruffier
- 30 mars 2016
- 3 min de lecture
Craignant que Superman n'abuse de sa toute-puissance, le Chevalier noir décide de l'affronter : le monde a-t-il davantage besoin d'un super-héros aux pouvoirs sans limite ou d'un justicier à la force redoutable mais d'origine humaine ? Pendant ce temps-là, une terrible menace se profile à l'horizon…
Démoli littéralement par la critique américaine, ‘Batman V Superman : l’Aube de la Justice’ arrive sur nos écrans précédé d’une aura pas très prestigieuse. Après la petite déception de son ‘Man of Steel’, Zack Snyder s’est-il fourvoyé avec ce nouveau film ?
Heureusement non. Ce long-métrage, censé lancer l’univers étendu des super-héros de DC Comics, est un bon blockbuster mais ses défauts évidents et maladroits ne jouent pas en sa faveur. Pourtant, le film est intéressant dans le sens où il entend juguler la ‘recette Marvel’ qui a accouché de quelques bons films mais surtout de coquilles vides qui se ressemblent les unes aux autres.
Ici, pas de super-héros funs et à moitié débiles qui détruisent tout sur leur passage en faisant des blagues. ‘Batman V Superman’ reste dans le traitement sombre initié par la trilogie de Christopher Nolan.
L’atout principal de ‘BVS’ est de proposer un divertissement adulte avec de véritables enjeux scénaristiques et dramatiques. Le film aborde (certes sans grande finesse) les questions liées à la justice, à la vengeance et par l’affrontement entre deux ‘gentils’, permet pendant les deux tiers du film de casser le manichéisme bête des Marvel.
‘BVS’ est donc un divertissement qui se prend au sérieux et se permet de réfléchir et de poser de bonnes questions. Il est d’ailleurs drôle de constater que le film tente parfois une incursion dans le style léger de Marvel, incursions qui tomberont toujours à côté de la plaque.
Le film est également très bien construit. En démarrant sur les chapeaux de roues, ‘BVS’ aurait pu s’essouffler mais propose une intrigue riche et bien construite dont les enjeux changent et se développent pour ne laisser aucun temps mort, jusqu’à un final véritablement dantesque et opératique qui coiffe au poteau les scènes finales d’Avengers 2.
Zack Snyder n’est pas un metteur en scène très fin mais sa réalisation est graphiquement superbe et si l’on frôle parfois l’indigestion, le spectateur en aura malgré tout pour son argent. Ses acteurs incarnent parfaitement leur personnage, la palme revenant à Batman qui bénéficie d’un traitement intéressant et paraît plus en relief que le toujours fade Superman. L’apparition de Wonder Woman, bien que pas toujours réussie, est pertinente et se pose en jalon essentiel dans le film, poussant le spectateur à attendre avec envie la suite de ses aventures.
Malheureusement, plusieurs défauts émaillent le film. A commencer par son méchant, Lex Luthor, incarné par Jesse Eisenberg, qui à force de surjouer la folie finit par énerver et se rendre ridicule. S’il ne prend de l’ampleur que dans la deuxième moitié du film, son traitement est raté et son cabotinage tape sur les nerfs.
Le film déploie aussi de navrantes incohérences scénaristiques (décidément à la mode dans les blockbusters actuels) à l’image de Batman qui abandonne négligemment une arme puissante dans la nature à un moment clé, ou de Superman qui ne détecte pas un attentat alors qu’il se trouve juste à côté… Dans le feu de l’action, cela passe mais c’est fort dommageable pour la profondeur du film. De même, Snyder semble tiraillé entre ses propres ambitions et la recette Marvel. Certains passages semblent juste être là pour préparer les autres films et tombent un peu comme un cheveu sur la soupe, d’autres sont véritablement inutiles ou mal amenés.
Enfin, la situation entre Batman et Superman qui d’ennemis deviennent finalement alliés, se retourne tellement vite que cette confrontation en devient ridicule. Pourquoi les scénaristes n’ont-ils pas fouillé un peu plus ce point fondamental du scénario ? Cela reste un mystère.
‘Batman V Superman’ est donc grevé de défauts importants qui peuvent vraiment nuire à l’immersion. Mais grâce à une très bonne réalisation et un background vraiment adulte et mature, l’œuvre de Snyder en devient plus conséquente, bien qu’imparfaite.