'Les Premiers Les Derniers' de Bouli Lanners (2/10)
- Sylvain Ruffier
- 6 mars 2016
- 2 min de lecture
Dans une plaine infinie balayée par le vent, Cochise et Gilou, deux inséparables chasseurs de prime, sont à la recherche d’un téléphone volé au contenu sensible. Leur chemin va croiser celui d’Esther et Willy, un couple en cavale. Et si c’était la fin du monde ? Dans cette petite ville perdue où tout le monde échoue, retrouveront-ils ce que la nature humaine a de meilleur ? Ce sont peut-être les derniers hommes, mais ils ne sont pas très différents des premiers.
Nous avions laissé l’acteur/réalisateur Bouli Lanners sur le très bon ‘Les Géants’, qui fusionnait de manière intelligente le cinéma social belge avec une ampleur et un style plutôt américain.
A première vue, ‘Les Premiers les Derniers’ semble emprunter le même chemin que son précédent long-métrage et offrir une odyssée à la fois sociale et romanesque. Pari réussi ?
‘Les Premiers les Derniers’ est malheureusement bien en deçà, la faute à un scénario d’une banalité et d’un vide assez consternant. Avec une intrigue résumable sur un timbre-poste, Bouli Lanners ne semble jamais quoi faire de ses héros et de son scénario. Sans ligne directrice, changeant constamment de braquet, le film semble pédaler dans le vide tant les situations rencontrées n’apportent pas grand-chose, à l’image de ces deux nigauds qui errent à travers les campagnes sans trop savoir où aller.
‘Les Premiers les Derniers’ ne semble aller nulle part. Bouli Lanners propose des scènes quelconques, soulignées par des dialogues d’une banalité consternante. La rencontre entre les deux acteurs/réalisateurs (Bouli Lanners donc, mais aussi le très bon Albert Dupontel) promettait énormément mais déçoit. Dialogues creux, situations et jeux inexpressifs au possible, le film semble faire dans l’économie et le nettoyage par le vide.
L’humanité tant vantée du film est toujours amenée de manière maladroite et forcée, à l’image de ce couple de retardés mentaux, filmés avec mièvrerie, qui va déclencher une bonté inexplicable face aux deux ‘chasseurs de prime’.
Assez hermétiques, les personnages n’auront jamais de psychologie très fouillée. Ils font des bonnes actions sans raison, ils semblent errer d’un bout à l’autre de la pellicule sans que l’on sache où ils vont et ce qu’ils comptent faire, comme si le scénario s’écrivait ou s’improvisait sur l’instant. Pas vraiment crédible, le scénario utilise des raccourcis flagrants et des ‘coïncidences’ tout aussi peu probables.
Ce vide est dommage car il est mis en image de bien belle manière grâce à une bonne réalisation et surtout une très bonne lumière.
Mais si certaines images sont magnifiques et inspirées, d’autres plans ne racontent pas grand-chose et semblent là pour faire gonfler artificiellement la longueur du film, à l’image du dernier plan du film, long travelling qui n’aboutit à rien d’autre qu’à un écran noir. De même que la symbolique du film, qui tombe un peu à plat tant elle est surlignée et pourtant futile.
Quelques scènes éveilleront parfois la curiosité grâce à leur côté surréaliste profondément belge mais l’intérêt retombera bien vite face à un film qui semble n’avoir rien à dire et qui bâcle énormément son intrigue et ses personnages.
Une très grande déception.