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'Carol' de Todd Haynes (5/10)

Dans le New York des années 1950, Therese, jeune employée d’un grand magasin de Manhattan, fait la connaissance d’une cliente distinguée, Carol, femme séduisante, prisonnière d'un mariage peu heureux. À l’étincelle de la première rencontre succède rapidement un sentiment plus profond. Les deux femmes se retrouvent bientôt prises au piège entre les conventions et leur attirance mutuelle.


Après un ‘Mildred Pierce’ en demi-teinte qui passait clairement à côté d’une grande partie de son sujet, le réalisateur Todd Haynes remonte à nouveau dans le passé pour son nouveau projet : ‘Carol’ ou l’histoire d’un amour difficile entre deux femmes dans l’Amérique des années 50.

Le réalisateur continue dans la veine qui l’a fait connaître et livre un drame subtil et pudique qui touchera peut-être malgré les défauts récurrents qui habitent sa réalisation.

En effet, comme dans ‘Mildred Pierce’, Todd Haynes semble accaparé par la reconstitution historique. Costumes et décors font en grande partie la force de ses films tant ils sont travaillés et participent activement à la narration.

Cependant, cette attention qu’il porte sur les détails semble l’accaparer au point d’en oublier l’essentiel. Le problème de ce ‘Carol’ est que le film peine grandement à avancer pendant toute sa première partie.

Todd Haynes réalise son histoire avec beaucoup de pudeur mais aussi beaucoup de distance, ce qui a tendance à éloigner le spectateur de ses personnages. Toujours plus habile à illustrer son histoire qu’à entrer dans la tête de ses héroïnes, le film est, comme beaucoup de ses réalisations, un peu froid.

La première partie de son récit pose de gros problèmes de structures tant l’histoire, une fois le cadre posé, semble difficile à avancer. De grosses longueurs émaillent le scénario qui s’emballera vraiment à partir du moment crucial où les deux femmes s’embrassent.

Suite à ce baiser, lors d’une très belle scène qui laisse enfin transparaître un peu d’émotion, les évènements se précipitent et le film devient plus rythmé. Todd Haynes se rattrape donc et parvient à entrer au cœur des choses pour mieux montrer les tourments de ses héroïnes, remarquablement interprétées par Rooney Mara et Cate Blanchett.

‘Carol’ devient vraiment intéressant dans cette deuxième partie qui s’autorise enfin quelques débordements et qui laisse enfin percer l’émotion et le rythme qui manquaient à la première partie. Todd Haynes livre donc un film en demi-teinte, se contentant souvent d’illustrer et d’observer sans sembler vouloir prendre part à l’action, mais pouvant aussi par sa délicatesse et sa pudeur accoucher de moments magiques et touchants.

Tour à tour superficiel, touchant et fragile, ‘Carol’ n’est pas un film très homogène. Parfois trop froid et dans la retenue pour emporter l’adhésion, le film touche vraiment lorsqu’il lâche enfin la bride et permet au spectateur de s’impliquer.


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