'The Revenant' d'Alejandro Gonzales Inarritu (10/10)
Dans une Amérique profondément sauvage, Hugh Glass, un trappeur, est attaqué par un ours et grièvement blessé. Abandonné par ses équipiers, il est laissé pour mort. Mais Glass refuse de mourir. Seul, armé de sa volonté et porté par l’amour qu’il voue à sa femme et à leur fils, Glass entreprend un voyage de plus de 300 km dans un environnement hostile, sur la piste de l’homme qui l’a trahi. Sa soif de vengeance va se transformer en une lutte héroïque pour braver tous les obstacles, revenir chez lui et trouver la rédemption.
Après le sacre de ‘Birdman’ l’année passée aux Oscar, Alejandro Gonzales Inarritu revient sur le devant de la scène avec ‘The Revenant’, film de survie alléchant qui faisait déjà baver à la vue de sa splendide bande-annonce. Au final, que vaut le sixième long-métrage du réalisateur mexicain ?
Dès les premières images, le réalisateur déploie une réalisation absolument virtuose et magnifique. Prises de vue impossibles, plans-séquences virevoltants, Inarritu en met plein la vue et sidère littéralement le spectateur tout comme George Miller avait pu le faire l’an passé avec son dernier ‘Mad Max’.
Visuellement époustouflant, ‘The Revenant’ ne fait pourtant pas de virtuosité gratuite. Chaque exploit cinématographique a une raison d’être, qui est toujours de renforcer l’immersion du spectateur dans ce western glacé et brutal. D’une attaque d’ours proprement tétanisante à une bataille avec des indiens complètement immersive, les scènes du réalisateur mexicain se fixent directement à la rétine pour ne plus lâcher le spectateur.
L’impact visuel est énorme et participe grandement à ce récit qui aurait pu être d’une banalité affligeante entre les mains d’un réalisateur moins chevronné. Cependant, Inarritu nous convoque à une odyssée beaucoup plus métaphysique et spirituelle qu’il n’y paraît.
Sondant la noirceur de l’âme de ses protagonistes, le scénario révèle la bête (mais aussi l’humain) qui sommeille en chacun, thème récurrent dans l’œuvre du cinéaste.
S’il ne quitte jamais son histoire, le réalisateur instille une critique virulente de la colonisation américaine et de la bestialité de l’homme et de son rapport aux autres. Toujours présente mais en filigrane, cette seconde lecture apporte bien plus de consistance à un film qui n’aurait pu être qu’un ‘survival’ de plus.
Si certains pourront reprocher au film sa lenteur et ses plans de nature récurrents, Inarritu ne rallonge pas son film artificiellement mais prépare simplement une construction narrative imposante et complexe qui ne se libèrera que dans un final somptueusement maîtrisé.
Convoquant aussi bien la grâce des films de Terrence Malick que la puissance visuelle des plans-séquences de son compatriote contemporain Alfonso Cuaron, Alejandro Gonzales Inarritu prend son temps pour placer la Nature et les décors américains au centre de la narration.
Et que dire des acteurs, si ce n’est que tous sont impeccables. DiCaprio continue de jouer des personnages toujours plus variés et renouvelle constamment son jeu. Les seconds rôles sont bien écrits et interprétés… La lumière est absolument fantastique et rappelle grandement Terrence Malick (Emmanuel Lubezki, directeur photo du film mais aussi de… Terrence Malick et Alfonso Cuaron), et la musique est somptueuse.
Avec toutes ces qualités, ‘The Revenant’ n’en demeure pas moins un film exigeant. D’un rythme assez lent, il ne brosse jamais le spectateur dans le sens du poil et l’invite à une odyssée viscérale et totale, et c’est peut-être le pari le plus réussi du film.
Parfait dans tous ses aspects, ‘The Revenant’ est une formidable odyssée qui dépasse allégrement le cadre du film de survie pour proposer du jamais-vu au cinéma. Epoustouflant et absolument indispensable, c’est un chef-d’œuvre.