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'Mountains May Depart (Au-delà Des Montagnes)' de Jia Zhang-Ke (6/10)

Chine, fin 1999. Tao, une jeune fille de Fenyang est courtisée par ses deux amis d’enfance, Zang et Lianzi. Zang, propriétaire d'une station-service, se destine à un avenir prometteur tandis que Liang travaille dans une mine de charbon. Le cœur entre les deux hommes, Tao va devoir faire un choix qui scellera le reste de sa vie et de celle de son futur fils, Dollar. Sur un quart de siècle, entre une Chine en profonde mutation et l’Australie comme promesse d’une vie meilleure, les espoirs, les amours et les désillusions de ces personnages face à leur destin.


Auteur du pénible ‘A Touch Of Sin’, film choral bancal pourtant primé à Cannes, Jia Zhang-Ke revient sur le devant de la scène avec ‘Au-delà des Montagnes’.

Dès les premiers plans, le réalisateur semble maîtriser son sujet et propose l’histoire passionnante d’un triangle amoureux dans une Chine en pleine mutation à la fin du XXème siècle. Délaissant les longueurs de son précédent film, Jia Zhang-Ke livre une première partie de film très bien rythmée et scénarisée.

Tout en retenue et en subtilité, l’intrigue développe avec une délicatesse rare des thématiques aussi diverses que la filiation, l’incertitude amoureuse et la lutte des classes. Entre deux soupirants qui se battent pour une femme, c’est ainsi deux forces antagonistes qui se livrent bataille. Si le cinéaste ne développe rien de nouveau, il apporte à cet archétype du triangle amoureux quelque chose de très personnel et dépaysant pour le spectateur occidental. Témoin silencieux de la Chine et de ses coutumes, il laisse voir la domination des riches sur la classe ouvrière.

Critique directe mais subtile, ‘Au-delà des Montagnes’ ne verse jamais dans le manichéisme et ne juge pas ses personnages. Les ‘mauvaises’ personnes sont parfois récompensées tandis que les ‘bons’ sont punis, mais le film montre avec intelligence les conséquences de choix forcés par le système (le travail à la mine, le choix d’avoir un mari aisé…).

Jia Zhang-Ke montre avec justesse l’incertitude de ses personnages ainsi que leurs choix pas toujours très judicieux. Et quoi de mieux que ces gigantesques ellipses temporelles qui divisent le film en trois parties distinctes pour nous montrer les conséquences de ces choix.

Si la deuxième partie, un peu plus lente au niveau du rythme, permet effectivement de poursuivre la trajectoire des personnages et développer un peu plus les thèmes présents, la troisième partie arrive un peu comme un cheveu sur la soupe et change complètement d’orientation pour proposer de nouvelles thématiques et couper court à celles développées précédemment.

Cette dernière partie sera le gros problème du film car en plus de traîner en longueur, elle commencera une nouvelle orientation thématique, en sacrifiant l’histoire de certains personnages présents depuis le départ, et en s’attardant sur d’autres points pas toujours passionnants.

Dès lors, le film perd complètement sa structure et son objectif et efface les beaux moments de cinéma que contenaient les deux premières parties. Si les thématiques développées dans la fin du film sont intéressantes, elles s’intègrent très mal au reste et le traitement réservé par le metteur en scène est beaucoup moins rigoureux.

S’il commence très bien grâce à deux parties parfaitement maîtrisées, le film se dégonfle assez brutalement dans son final. Moins bien réalisée et écrite, la conclusion plombe vraiment un film qui aurait peut-être dû rester centré sur cette relation à trois et qui semble malheureusement ne pas aboutir. Dommage.


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