'Joy' de David O.Russell (7/10)
Inspiré d'une histoire vraie, JOY décrit le fascinant et émouvant parcours, sur 40 ans, d'une femme farouchement déterminée à réussir, en dépit de son excentrique et dysfonctionnelle famille, et à fonder un empire d’un milliard de dollars. Au-delà de la femme d’exception, Joy incarne le rêve américain dans cette comédie dramatique, mêlant portrait de famille, trahisons, déraison et sentiments.
Après le très bon ‘Fighter’, David O.Russell avait connu une sévère baisse de régime en proposant des exercices de style pas toujours passionnant tels que ‘American Bluff’ ou ‘Happiness Therapy’, comédie sympa mais trop classique.
De retour avec ses comédiens fétiches Jennifer Lawrence et Bradley Cooper, le réalisateur signe un film beaucoup plus réussi bien que parfois bancal.
S’ouvrant sur l’histoire de Joy, jeune femme intelligente coincée dans une vie familiale compliquée, David O.Russell prend le parti d’un montage hystérique pour ouvrir son film. Alternant avec rapidité les scènes d’engueulade et d’hystérie traversées par son héroïne, sans réellement prendre le temps de bâtir une ouverture digne de ce nom, le réalisateur part très mal.
Ce rythme décousu et ces scènes rapides filmées en quelques plans laissent le spectateur circonspect par manque de continuité narrative. Difficile donc de rentrer dans un film qui heureusement va progressivement se calmer pour trouver un rythme narratif plus adapté et enfin raconter quelque chose.
Si l’on comprend la volonté du réalisateur de ne pas s’attarder sur le background de son héroïne et de souligner sa vie hystérique et vide de sens par un montage du même acabit, on apprécie quand même le calme qu’il instaure par la suite et qui permet enfin de construire de réels enjeux.
Les scènes deviennent plus fouillées, les personnages moins caricaturaux. Comme dans ‘Fighter’, le réalisateur montre le poids de la famille qui peut se révéler fatal dans l’accomplissement de ses ambitions.
A ce titre, ‘Joy’ ne prend pas parti et ne juge pas son héroïne qui restera avec sa famille malgré les entourloupes de ses proches, sans pour autant faire du personnage principal une sainte, comme le suggérait pourtant l’introduction du film.
Prenant le temps d’enfin poser sa narration, David O.Russell explore et exploite parfaitement les excellents seconds rôles qui s’offrent à lui, montrant la complexité des relations entre individus. Magnifiquement interprété par Jennifer Lawrence, Joy est une femme entière et généreuse mais suffisamment forte pour affronter la rudesse de la vie.
Car c’est un chemin de croix qui attendra notre héroïne. Son périple ainsi que sa détermination et sa transformation psychologique seront traités avec beaucoup de finesse et permettront d’instiller une richesse bienvenue dans le long-métrage.
Au final, ‘Joy’ est un très bon film. Le réalisateur malmène son spectateur au début si bien qu’il est difficile d’entrer dans son univers mais il livre ensuite un portrait de femme de très bonne facture et une mise en scène irréprochable. A voir !
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