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'Les Huit Salopards' de Quentin Tarantino (5/10)

Quelques années après la Guerre de Sécession, le chasseur de primes John Ruth, dit Le Bourreau, fait route vers Red Rock, où il conduit sa prisonnière Daisy Domergue se faire pendre. Sur leur route, ils rencontrent le Major Marquis Warren, un ancien soldat lui aussi devenu chasseur de primes, et Chris Mannix, le nouveau shérif de Red Rock. Surpris par le blizzard, ils trouvent refuge dans une auberge au milieu des montagnes, où ils sont accueillis par quatre personnages énigmatiques : le confédéré, le mexicain, le cowboy et le court-sur-pattes. Alors que la tempête s’abat au-dessus du massif, l’auberge va abriter une série de tromperies et de trahisons. L’un de ces huit salopards n’est pas celui qu’il prétend être ; il y a fort à parier que tout le monde ne sortira pas vivant de l’auberge de Minnie…


Revenant au western après l’excellent ‘Django Unchained’, Quentin Tarantino instaure avec les ‘Huit Salopards’ un huis-clos très loin de son œuvre précédente. Plus exigeant, plus minimaliste, ce nouvel opus est-il une nouvelle réussite pour le réalisateur ? Malheureusement non.

On pressentait déjà la chose avant la sortie du film, Quentin Tarantino se laissait aller à quelques exubérances en confiant en interview qu’il fallait nommer l’Oscar du Meilleur Scénario le ‘Quentin’. Visiblement sérieux, le réalisateur impressionnait par son ego surdimensionné. Sans juger le film à partir de cette anecdote, le long-métrage est le bien triste constat de son réalisateur : en roue libre et trop sûr de lui, il patine, se parodie et développe toutes les facettes, bonnes ou mauvaises, de son cinéma sans aucune intelligence.

‘Les 8 Salopards’ est irréprochable d’un point de vue technique. La mise en scène est ultra-léchée, les comédiens sont tous excellents quoique toujours très proches des rôles qu’ils ont l’habitude de jouer. Quentin Tarantino maîtrise parfaitement l’exercice du huis clos, tout d’abord dans la diligence, puis enfin dans la mercerie, siège principal du film, en renouvelant sans cesse ses idées et ses prises de vue.

Le décor, l’écriture des personnages, tout est là pour donner plus de réalité et de corps à son histoire et on se laisse facilement embarquer dans cette aventure.

Malheureusement, premier constat, le film est long. Si ‘Django Unchained’ ou ‘Inglorious Basterds’ étaient déjà très bavards, ils comportaient un rythme qui permettait de faire passer la pilule et ces vaines palabres restaient simplement une marque de fabrique et un signe de la légèreté comique de son auteur. Dans ‘Les 8 Salopards’, Quentin Tarantino extrapole cette tendance et l’exagère jusqu’à l’écœurement.

Presque trois heures de dialogues pas toujours intéressants, cela fait beaucoup alors que la matière première du film est assez mince et pouvait être ramassée en moins de temps. Si de temps en temps, cette propension au bavardage est fraiche et bien amenée, elle est trop souvent inutile, si ce n’est comme signature de son auteur.

Le film se veut comme un catalogue de l’univers du réalisateur. On y retrouvera ses tendances fétiches, mais exacerbées. Comme la violence ouvertement gore et graphique qui dépasse de nouvelles limites. Ici, Tarantino s’appuie sur le gore et la violence comme moyen comique (il l’a déjà fait auparavant) mais cette fois sans finesse ni recul. Il est triste de constater une salle qui rit aux éclats face à une femme qui se fait humilier de manière ignoble, ou face à un homme qui se fait exploser la cervelle. Tarantino a toujours été irrévérencieux mais gardait suffisamment de finesse pour interroger le spectateur.

Ici, il se vautre dans la violence comme un spectateur romain face à un combat de gladiateur et ne retire rien que du plaisir face à ce spectacle, c’est dommage et inquiétant de voir Tarantino franchir toutes les lignes rouges qu’il s’était jusque-là bien gardé de traverser.

Long, bête et mal rythmé, le film comporte malgré tout quelques séquences croustillantes et permet quand même de maintenir un intérêt presque régulier au cours de ses trois longues heures.

Le constat est sans appel : réussi d’un point de vue technique, ‘Les 8 Salopards’ est cependant assez vide. Extrapolant tous ses défauts, Quentin Tarantino livre un film bavard et sans finesse. Sans aucune réflexion ni recul par rapport à ses images, il se noie dans ses propres travers et dérange tant il semble se réjouir de la violence et du mal qu’il génère avec ses images.


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