'L'Hermine' de Christian Vincent (6/10)
Michel Racine est un Président de cour d'assises redouté. Aussi dur avec lui qu'avec les autres, on l'appelle " le Président à deux chiffres ". Avec lui, on en prend toujours pour plus de dix ans. Tout bascule le jour où Racine retrouve Ditte Lorensen-Coteret. Elle fait parti du jury qui va devoir juger un homme accusé d'homicide. Six ans auparavant, Racine a aimé cette femme. Presque en secret. Peut-être la seule femme qu'il ait jamais aimée.
Prix du scénario et du meilleur interprète à la dernière Mostra de Venise, ‘L’Hermine’ est un film honnête et bien fait, écrin cinématographique pour le délicieux Fabrice Luchini.
Portant le film sur ses épaules de bout en bout, le comédien est une nouvelle fois irréprochable en Président de Cour redouté. A la fois bourru, désagréable et humain, il permet de nuancer son jeu et d’approfondir son personnage pour une prestation qui sort légèrement de ce à quoi l’acteur nous avait habitués.
Bien rythmé et intéressant, ‘L’Hermine’ est un bon film qui a de sérieux atouts. Outre des seconds rôles savoureux et hauts en couleur, la réalisation est efficace et soignée. Propre sur lui, le film se laisse regarder avec un réel plaisir.
En montrant le déroulement d’un procès et les personnages qui gravitent autour, Christian Vincent dévoile un microcosme fascinant. Les hommes et les femmes se rencontrent, tous différents, tous issus de milieux sociaux très variés, et leur interaction a quelque chose de savoureux. Le tribunal est ici un lieu valorisé, qui permet la vraie cohésion sociale.
‘L’Hermine’ est riche en évènements et en points de vue mais cette richesse finit par se retourner contre lui. Le scénario est bon mais manque clairement de direction et d’intérêt.
Christian Vincent s’attarde parfois longuement sur les jurés désignés, pour dépeindre un tableau social plein de chaleur et de vie, parfois sur le procès en cours, parfois sur la rencontre entre le Président et la jurée médecin, sans jamais vraiment développer à fond ses idées et ses pistes.
Le film retombe malheureusement vite dans une atmosphère polie et simple mais ne va jamais au bout de ses thèmes. L’issue du procès s’avère décevante, la relation amoureuse entre les deux personnages principaux est à peine esquissée si bien qu’on se demande ce que voulait raconter le réalisateur.
Manquant clairement d’ambition et se perdant un peu entre les thèmes qu’il veut évoquer, le réalisateur livre un film sage mais souvent maladroit, esquisse de plusieurs bons films qui ne choisissent jamais de direction.
Le film est anecdotique mais reste cependant agréable, ne serait-ce que pour son acteur principal.