'Au Coeur de l'Ocean' de Ron Howard (5/10)
Hiver 1820. Le baleinier Essex quitte la Nouvelle-Angleterre et met le cap sur le Pacifique. Il est alors attaqué par une baleine gigantesque qui provoque le naufrage de l'embarcation. À bord, le capitaine George Pollard, inexpérimenté, et son second plus aguerri, Owen Chase, tentent de maîtriser la situation. Mais face aux éléments déchaînés et à la faim, les hommes se laissent gagner par la panique et le désespoir…
Réalisateur inégal, capable du meilleur (l’excellent ‘Rush’, son précédent film), comme du pire (‘Anges et Démons’), Ron Howard nous revient avec une histoire épique et maritime, celle qui a inspiré le ‘Moby Dick’ d’Herman Melville.
Si l’idée de départ était alléchante, le film est lui assez bancal. En effet, Ron Howard, malgré un bon sens du rythme et de bonnes idées de mise en scène, ne parvient pas à réaliser une grande fresque, souffrant dès le début de la comparaison avec l’indépassable drame marin de James Cameron : ‘Titanic’.
La première erreur de Ron Howard sera de donner le rôle principal à Chris Hemsworth. Grand échalas trop lisse, trop impeccable, pour incarner un baleinier censé vivre la majeure partie de son temps sur la mer, l’acteur n’est jamais crédible. Inexpressif au possible, il ne donne jamais corps ni profondeur à son personnage. Dommage car on y trouve pourtant les très bons Ben Whishaw et Brendan Gleeson dans des rôles plutôt secondaires, acteurs certes moins ‘glamour’, mais beaucoup plus doués.
‘Au Cœur de l’Océan’ sera par contre assez efficace de bout en bout, et les scènes d’action en haute mer sont plutôt réussies, grâce à un très bon sens du rythme et une mise en scène assez originale. Malheureusement, les effets numériques sont de très mauvaise qualité, ruinant un peu la dimension épique des scènes. Car Ron Howard prend le parti de la facilité. Quand dans ‘The Impossible’, J.A.Bayona tournait la plupart des scènes ‘en dur’, pour limiter l’usage du numérique, Ron Howard s’appuie sur la technologie pour donner corps aux éléments déchaînés, et son choix est dramatique pour la tension et le suspens. Tout fait assez faux et lisse, c’est malheureux.
Si certains aspects psychologiques sont plutôt bien amenés (les confrontations et l’orgueil du capitaine et de son second), on reste malgré tout sur notre faim car les personnages secondaires du bateau ne sont pas très bien fouillés et ne permettent pas de faire contrepoids avec le manque de substance du personnage principal critiqué plus haut.
‘Au Cœur de l’Océan’ est donc un film qui rate le coche sur beaucoup de points importants. Trop lisse et artificiel, à l’image de son acteur principal, le film enchaîne les mauvais choix, malgré une mise en scène efficace et quelques moments d’action et de tension bien amenés. Dommage.