'Black Mass (Strictly Criminal)' de Scott Cooper (5/10)
Le quartier de South Boston dans les années 70. L'agent du FBI John Connolly convainc le caïd irlandais James "Whitey" Bulger de collaborer avec l'agence fédérale afin d'éliminer un ennemi commun : la mafia italienne. Le film retrace l'histoire vraie de cette alliance contre nature qui a dégénéré et permis à Whitey d'échapper à la justice, de consolider son pouvoir et de s'imposer comme l'un des malfrats les plus redoutables de Boston et les plus puissants des États-Unis.
Après le très grand ‘Les Brasiers de la Colère’ avec Christian Bale dans le rôle-titre, le réalisateur Scott Cooper continue sa déconstruction du mythe américain avec ‘Black Mass’ (Strictly Criminal pour son exploitation en France).
Continuant dans sa veine nihiliste, Cooper va cette fois beaucoup plus loin en dressant le portrait d’un des plus grands criminels de Boston, James Bulger. Si ce ton noir et désespéré était parfaitement distillé dans ‘Les Brasiers de la Colère’, il prend ici une ampleur presque démesurée.
Ce nouveau film est problématique dans le sens où il n’y a aucun personnage vraiment attachant. Du bandit aux policiers qui devraient normalement l’arrêter, on ne trouve que des anti-héros. Quand Scorsese dans ‘Les Affranchis’ ou ‘Le Loup de Wall Street’ parvient à éviter le rejet total du spectateur envers ses personnages en apportant un second degré bienvenu, Scott Cooper n’offre aucune échappatoire, au risque de profondément éloigner le public d’un film dans lequel il ne trouvera rien à quoi se rattacher.
Et le film de Scott Cooper a un problème de taille : son interprète principal. Si Johnny Depp est excellent dans son rôle, il est malheureusement tellement maquillé qu’il en devient peu crédible et expressif. Il est fort dommage de noter que l’acteur n’a pas perdu son goût pour le maquillage, même quand le contexte s’y prête beaucoup moins. En dehors de cela, son personnage n’est pas toujours très passionnant et ne devient vraiment intéressant que lorsqu’il révèle toute la noirceur dont il est capable.
Malheureusement, le reste du temps, ‘Black Mass’ ressasse des moments assez classiques du film de gangster, sans rien apporter de neuf au genre et c’est bien dommage. Car sans réelle surprise, il en devient lassant.
Cooper semble avoir perdu une bonne partie de l’inspiration et de l’empathie qu’il développait dans son film précédent. Les seconds rôles sont assez mal traités, mention spéciale pour Joel Edgerton qui surjoue en permanence un rôle de toute façon détestable de bout en bout.
‘Black Mass’ est un film pourtant techniquement très abouti, grâce à une réalisation efficace et une image toujours parfaitement éclairée. Mais il manque énormément de contrastes pour retenir l’attention du spectateur.
Trop classique dans son approche, ‘Black Mass’ n’apporte rien de neuf au genre. Pas toujours bien rythmé ou passionnant, il échoue à montrer l’humanité de ses anti-héros, les rendant détestables d’un bout à l’autre de la pellicule.
Le dernier film de Scott Cooper n’est pas mauvais mais ne cache pas le manque d’inspiration qui habite la pellicule. Une petite déception.