'Mon Roi' de Maïwenn (6/10)
Tony est admise dans un centre de rééducation après une grave chute de ski. Dépendante du personnel médical et des antidouleurs, elle prend le temps de se remémorer l’histoire tumultueuse qu’elle a vécue avec Georgio. Pourquoi se sont-ils aimés ? Qui est réellement l’homme qu’elle a adoré? Comment a-t-elle pu se soumettre à cette passion étouffante et destructrice ? Pour Tony c’est une difficile reconstruction qui commence désormais, un travail corporel qui lui permettra peut-être de définitivement se libérer …
Après la claque ‘Polisse’, film choc imparfait mais mené avec une réelle envie de cinéma, Maïwenn revient sur le devant de la scène avec ‘Mon Roi’, pour lequel son actrice principale, Emmanuelle Bercot, a obtenu à Cannes le Prix de la Meilleure Interprétation Féminine.
En apparence beaucoup moins impressionnant que ‘Polisse’ à cause d’une histoire plus ‘traditionnelle’, ‘Mon Roi’ est cependant traversé par de merveilleux moments malgré des défauts malheureusement assez présents.
L’envie et la passion de Maïwenn de faire du beau cinéma est contagieuse grâce à une mise en scène assez bien pensée, dynamique, et un scénario pertinent. ‘Mon Roi’ pourrait être le portrait typique d’un couple dysfonctionnel comprenant un pervers narcissique.
Véritable ‘cas d’école’, le film est assez réaliste dans sa description du ‘salaud ordinaire’, remarquablement joué par Vincent Cassel. Tout aussi réaliste est le rôle interprété par Emmanuelle Bercot, qui plonge dans un enfer sans s’en rendre compte.
Cet éclatement du couple, cette transformation du bonheur et de la légèreté en une vie lourde et hystérique, Maïwenn le décrit avec beaucoup d’intelligence. Bien écrit, ‘Mon Roi’ ne bascule (presque) jamais dans la psychologie de comptoir et cerne au mieux les mécanismes des manipulateurs mais aussi l’aveuglement presque hypnotique des victimes qui se laissent avoir par de belles paroles ou de l’argent.
Si ‘Mon Roi’ est plutôt un bon film, c’est aussi grâce à la présence de ses deux principaux comédiens, dignes de louanges, qui sont parfaitement dirigés. Le rôle de Vincent Cassel est suffisamment nuancé pour ne pas être caricatural et c’est une bonne nouvelle.
Malheureusement, ‘Mon Roi’ souffre souvent de son énergie, malheureusement pas toujours bien contenue, et qui brise la belle subtilité que l’on pouvait trouver dans le scénario.
‘Moi Roi’ devient parfois caricatural ou simpliste sans raison, poussant les curseurs à fond. Des situations sont exagérées, d’autres plongent à répétition dans l’hystérie, si bien que cela peut vite devenir énervant.
Il manque à Maïwenn une retenue sur certaines séquences qui aurait paradoxalement permis au film de toucher au très bon. Pas toujours très fine dans sa manière de mettre en image, la réalisatrice fragilise ‘Mon Roi’ et c’est dommage.
De même, on tombe souvent dans des lieux communs au travers de quelques scènes, la faute au scénario qui peut paraître parfois très classique et didactique.
Inégal mais porté une belle énergie, ‘Mon Roi’ est moins puissant que ‘Polisse’ mais mieux écrit. En dépit de ses débordements parfois excessifs, le film reste de bonne facture.