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'The Lobster' de Yorgos Lanthimos (5/10)

Dans un futur proche… Toute personne célibataire est arrêtée, transférée à l’Hôtel et a 45 jours pour trouver l’âme soeur. Passé ce délai, elle sera transformée en l'animal de son choix. Pour échapper à ce destin, un homme s'enfuit et rejoint dans les bois un groupe de résistants ; les Solitaires.


Avec un scénario qui annonce un film profondément original et étonnant, ‘The Lobster’ semble garantir une excellente surprise cinématographique comme on en voit rarement au cinéma.

Dès les premières images, on sent une légèreté de ton et une désinvolture que l’on peut comparer à certains longs-métrages de Woody Allen. Le réalisateur grec Yorgos Lanthimos parvient à installer une histoire folle mais crédible et une atmosphère singulière en seulement quelques plans.

D’emblée, on remarque une réalisation de qualité et une direction d’acteurs impeccable. Les comédiens y sont criants de vérité, tous assez barrés et loufoques, et donnent quelque chose d’immédiatement attachant au spectateur.

L’histoire est savoureuse grâce à un scénario solide, qui dévoile toutes les facettes d’un monde froid et trop bien réglé où les lois imposent aux hommes et femmes de s’aimer. Yorgos Lanthimos parvient à questionner ainsi subtilement le spectateur sur l’amour, l’esprit d’obéissance, la société, et d’autres thématiques qui sont abordées grâce à la richesse intrinsèque du scénario.

‘The Lobster’ est-il donc un pari réussi ? Malheureusement, malgré des idées originales et un script riche en thématiques, le film manque beaucoup d’âme.

A vouloir imposer un ton léger et surréaliste sur toute la longueur du film, le réalisateur amoindrit son impact. ‘The Lobster’ alterne dans ses évènements des ruptures de ton énormes, passant du registre de la comédie à celui de l’horreur (s’inspirant grandement du Shining de Stanley Kubrick), mais Yorgos Lanthimos prend le parti d’amoindrir ces basculements dramatiques en gardant toujours un ton désinvolte et léger, propre à la comédie.

Surprenant au début, ‘The Lobster’ finit donc par être un peu monotone et ne prend aucun risque afin de ne pas trop désorienter son public. Ce ton égal et distancié rend en définitive le film assez froid et beaucoup plus cérébral que sensible. Choix délibéré du metteur en scène, il prend tout son sens à certains endroits, très réussis, mais beaucoup moins lorsqu’il s’agit de dépeindre la relation amoureuse qui se noue entre les personnages de Rachel Weisz et Colin Farrell, ou d’illustrer la froideur quasi psychopathe de certains rôles.

Cette histoire d’amour, il la montre avec un œil précis et mathématique et amoindrit donc son impact. En ce sens, le message véhiculé par Yorgos Lanthimos est assez flou puisque son film semble glorifier l’amour véritable avant de le traiter comme tout le reste, de manière légère et loufoque.

On comprend malgré tout la démarche du réalisateur, qui veut montrer une humanité désincarnée et froide en filmant avec beaucoup de distance, mais il risque de perdre par cette démarche une grande partie de son public.

Promettant de nombreuses surprises, ‘The Lobster’ est un peu en deçà des attentes. Intelligent dans l’écriture mais assez froid et cérébral, le film prend le parti de garder son ton léger et décalé quelque soit la situation, amoindrissant clairement les pics émotionnels qui auraient rythmés ‘The Lobster’ d’une bien belle manière.


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