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'Regression' d'Alejandro Amenàbar (4/10)

Minnesota, 1990. L'inspecteur Bruce Kenner enquête sur un crime révoltant dont la jeune Angela accuse son père, John Gray. Lorsque John avoue sa culpabilité de façon tout à fait inattendue et sans garder le moindre souvenir des faits, le docteur Raines, un célèbre psychologue, est appelé à la rescousse. Il va devoir aider John à retrouver la mémoire, mais ce qu'ils vont découvrir cache un terrifiant mystère qui concerne le pays tout entier...


Sans nouvelles d’Alejandro Amenàbar depuis quelques années, il nous revient dans un genre qu’il avait magnifié sur le sol espagnol avec des perles comme ‘Tesis’ et ‘Abre los Ojos’ : le thriller.

Dès les premiers plans, le succès semble de nouveau au rendez-vous. Ambiance pesante et glauque à souhait, la promesse d’une intrigue qu’on sent pleine de rebondissements et très mystérieuse, Amenàbar semble marcher sur les pas du très bon ‘Shutter Island’ de Martin Scorsese.

Le film est l’occasion également de revoir le très bon Ethan Hawke, crédible dans son rôle d’inspecteur d’une petite bourgade paumée.

Malheureusement, au fil des minutes, le film va s’étioler de manière spectaculaire et retomber comme un soufflé sorti trop tôt du four.

En effet, si l’on est dans un premier temps impressionné par la maîtrise technique du film, réalisation et lumière en grande forme, ambiance très travaillée et prenante, le long-métrage ne tient pas ses promesses sur la durée, la faute à un scénario très bancal.

Car très vite, l’enquête menée par le personnage de Bruce Kenner patine et devient de moins en moins crédible. Prenant pour argent comptant tout ce que disent les supposées victimes ou suspects, l’investigation est ballotée entre chaque entrevue vers une histoire de plus en plus rocambolesque. Sans preuve, Kenner va croire sur parole certains, douter d’autres personnages, sans que cela soit plus approfondi ou expliqué. Pour la véracité de l’enquête policière, on repassera, surtout que le film s’intéresse pendant presque 2h à une investigation qui n’avancera jamais, réduisant grandement l’intérêt du spectateur. On ne cernera jamais vraiment la psychologie des personnages dont les actions sont expliquées par quelques lignes de scénario trop simplistes.

Amenàbar se tire donc une balle dans le pied en livrant une enquête pas très palpitante et très peu cinématographique, tout en laissant au spectateur de gros indices sur la teneur réelle de l’enquête, éventant ainsi le twist final. Cette ‘révélation finale’ sera d’ailleurs traitée par-dessus la jambe, arrivant comme un cheveu sur la soupe, coupant net le semblant de tension qui se déployait au fil des minutes.

Thriller à l’ambiance réussie, ‘Regression’ déçoit cependant beaucoup en proposant une enquête policière qui pédale dans la semoule pendant toute la durée du film, et en mettant en scène des enquêteurs crédules et incapables.

Amenàbar rate donc son retour sur le devant de la scène avec un film qui se voulait ambitieux mais qui retombe inévitablement vers le désintérêt le plus total.


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