'Crimson Peak' de Guillermo del Toro (4/10)
Au début du siècle dernier, Edith Cushing, une jeune romancière en herbe, vit avec son père Carter Cushing à Buffalo, dans l’État de New York. La jeune femme est hantée, au sens propre, par la mort de sa mère. Elle possède le don de communiquer avec les âmes des défunts et reçoit un étrange message de l’au-delà : "Prends garde à Crimson Peak". Une marginale dans la bonne société de la ville de par sa fâcheuse "imagination", Edith est tiraillée entre deux prétendants: son ami d’enfance et le docteur Alan McMichael.
Nouveau film de Guillermo del Toro, ‘Crimson Peak’ se veut un mélange de cinéma d’horreur et d’histoire d’amour gothique. Très ‘burtonien’ dans ses thématiques, le réalisateur mexicain parvient-il à se hisser au niveau de son chef-d’œuvre ‘Le Labyrinthe de Pan’ après un ‘Pacific Rim’ jouissif mais un peu creux ?
La réponse est malheureusement négative. ‘Crimson Peak’ possède une histoire intéressante et l’on voit parfaitement ce qui a pu intéresser Del Toro dans ce ‘conte fantastique’ mais le film comporte trop de défauts pour remporter l’adhésion.
En premier lieu, l’histoire et le scénario sont très mal conçus puisque l’on doit assister à une très longue exposition avant de rentrer dans le cœur du sujet. Del Toro passe presque la moitié de son film à élaborer son background et cela aurait pu être audacieux si le réalisateur avait eu plus de choses à raconter.
Malheureusement, très porté sur une image par ailleurs magnifique, Del Toro peine à donner corps et psychologie à ses personnages, et donc à l’histoire d’amour qui se déroule sous nos yeux. Pas très attachants et un peu fades dans leur traitement, pour ne pas dire caricaturaux, les personnages ne sont pas très bien écrits et c’est bien dommage.
Finalement assez convenu dans son histoire, ‘Crimson Peak’ est malheureusement très prévisible et le spectateur pourra anticiper le scénario bien avant les révélations qu’il doit livrer, ce qui gâche clairement l’effet de surprise.
Si le film est visuellement superbe, il pêche un peu par la surenchère des décors et des effets. ‘Crimson Peak’ est grandiloquent et malheureusement pas très subtil. Les fantômes ont des designs très travaillés mais trop ouvertement gores pour être vraiment effrayants ou crédibles.
Certaines situations sont poussées tellement loin dans l’hystérie ou le spectaculaire qu’elles deviennent finalement comiques, à l’image de Jessica Chastain, excellente actrice au demeurant, mais qui en fait des tonnes dans le final.
‘Crimson Peak’ est donc ‘très’ américanisée. Jamais émouvant ni effrayant, le film se laisse regarder mais tient à distance, tant les effets tapageurs et l’écriture manquent de finesse.
Si le film a de très grandes qualités plastiques, il reste cependant en dessous de ce que le réalisateur peut proposer. Adieu la magnifique poésie macabre du Labyrinthe de Pan, Del Toro ne fait plus dans la finesse et c’est bien dommage.