'Seul sur Mars' de Ridley Scott (7/10)
Lors d’une expédition sur Mars, l’astronaute Mark Watney (Matt Damon) est laissé pour mort par ses coéquipiers, une tempête les ayant obligés à décoller en urgence. Mais Mark a survécu et il est désormais seul, sans moyen de repartir, sur une planète hostile. Il va devoir faire appel à son intelligence et son ingéniosité pour tenter de survivre et trouver un moyen de contacter la Terre. A 225 millions de kilomètres, la NASA et des scientifiques du monde entier travaillent sans relâche pour le sauver, pendant que ses coéquipiers tentent d’organiser une mission pour le récupérer au péril de leurs vies.
Réalisateur immense mais pas toujours constant, Ridley Scott revient ici à un amour toujours gagnant, la science-fiction. L’auteur d’Alien, de Blade Runner et de Prometheus semblait au vu des bandes annonces faire un copier-coller du magnifique ‘Interstellar’ de Christopher Nolan, mais le résultat est tout autre et également assez différent du pessimisme coutumier de Ridley Scott.
‘Seul sur Mars’ est un film de science-fiction pure et dure et un hommage vibrant aux scientifiques et à la Nasa. C’est sa principale force mais aussi son plus grand défaut.
On sent dans ‘Seul sur Mars’ la volonté de faire une odyssée martienne réaliste. Malgré les nombreuses péripéties et le côté de plus en plus incroyable des actions réalisées par le personnage de Mark Watney, le film reste toujours crédible. Renforcé par des explications scientifiques plausibles bien qu’un peu longues, ‘Seul sur Mars’ se rangerait plutôt du côté du somptueux ‘Gravity’.
Watney va se servir de son cerveau pour se sortir de cet enfer rouge et rend ainsi un vibrant hommage aux scientifiques qui sans cesse repoussent de nouvelles frontières pour faire avancer l’être humain. Pour une fois, le propos de Ridley Scott est profondément optimiste, peut-être trop, et c’est une bouffée d’air frais dans sa filmographie.
Techniquement parfait, ‘Seul sur Mars’ a quelques longueurs mais se regarde avec un plaisir certain. Mise en scène aux petits oignons, performance toute en finesse de Matt Damon, un des acteurs les plus sous-estimés de son temps, le film de Ridley Scott est une franche réussite.
Tour à tour surprenant, spectaculaire, intimiste, le long-métrage varie ses ambiances, osant des ruptures de ton parfois audacieuses (les séquences disco sur Mars vont faire parler d’elles).
Le problème du film est son manque de finesse et son traitement, très efficace, mais qui amoindrit très fortement l’aventure humaine qui faisait la qualité première de ‘Gravity’ par exemple.
Ici, nulle épreuve initiatique ou spirituelle, ‘Seul sur Mars’ est efficace et ne s’encombre pas de lecture au second degré. Le personnage principal, tout entier tourné vers sa survie, ne basculera jamais dans la folie. Surfant un peu trop sur l’optimisme sans faille et la cool-attitude de son héros, Ridley Scott n’assombrit jamais son propos.
Ode à la science et aux scientifiques, le film les déifie sans complexe et on ne doute jamais de leurs capacités à trouver des solutions pour sauver ce pauvre astronaute en perdition, ce qui amoindrit très souvent la tension du film, malgré quelques scènes d’action très bien rythmées.
L’aventure humaine est évacuée et on ne saura jamais vraiment les relations du héros avec l’équipage qui le laisse sur Mars, rendant ainsi les actes de sauvetage un peu vides de sens. Assez maladroit dans ce domaine, le scénario ose des envolées lyriques assez naïves dans le sens où elles glorifient l’entraide des nations pour sauver un homme. Ici, le monde entier semble suspendu au sort de Mark Watney et le propos est un peu exagéré à l’heure actuelle.
Film efficace mais sans grande profondeur, ‘Seul sur Mars’ est un divertissement de très bonne qualité mais qui mise avant tout sur l’apparence. Naïf, premier degré, le film de Ridley Scott comporte beaucoup de défauts mais assume son optimisme avec entrain.