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'Marguerite' de Xavier Giannoli (3/10)

Le Paris des années 20. Marguerite Dumont est une femme fortunée passionnée de musique et d’opéra. Depuis des années elle chante régulièrement devant son cercle d’habitués. Mais Marguerite chante tragiquement faux et personne ne le lui a jamais dit. Son mari et ses proches l’ont toujours entretenue dans ses illusions. Tout se complique le jour où elle se met en tête de se produire devant un vrai public à l’Opéra.


Après le lamentable ‘Superstar’, Xavier Giannoli revient avec un projet assez alléchant : raconter l’histoire vraie d’une riche femme qui se rêve chanteuse et qui met la main à la poche pour se bâtir une carrière malgré son piètre talent.

Transposée dans la France de l’entre-deux guerres, l’intrigue démarre très bien grâce à une scène qui sait poser des enjeux clairs et jouer avec l’attente du spectateur. Cette Marguerite est tout d’abord iconisée : le réalisateur ne la montre qu’au dernier moment, alors que l’attente de sa montée sur scène est à son comble. Il installe par la même occasion des seconds rôles savoureux qui laissent augurer du meilleur pour la suite.

Tout s’effondre lorsque Marguerite monte sur scène : elle se ridiculise car elle chante très mal, l’effet étant voulu par le réalisateur. C’est ce qui va poser problème par la suite. Xavier Giannoli hésitera constamment entre le ridicule et le grandiose. Il cherche à rendre Marguerite attachante et naïve mais il le fait avec un tel manque de subtilité qu’il passe souvent d’un extrême à l’autre.

A son paroxysme lors de ‘Superstar’, le manque de subtilité du réalisateur détruit une nouvelle fois un film qui avait pourtant des choses à dire. Ici, Giannoli critique clairement l’entourage de Marguerite, car personne n’ose lui dire qu’elle chante faux, profitant de ses richesses, se gavant au passage. Il critique également l’aveuglement d’une femme qui se dérobe lorsque les vérités à son égard éclatent.

C’est un peu le problème du film : les personnages ont tous un fond légèrement détestable et le spectateur ne peut pas vraiment s’attacher à quelqu’un. Les seconds rôles si intéressants au début sont pour certains sacrifiés, pour d’autres caricaturés à l’extrême. Giannoli semble ne pas aimer ses personnages, comme c’était déjà le cas dans ‘Superstar’.

Car il joue sur tous les tableaux, son film manque de force. Il prend parfois un malin plaisir à ridiculiser son personnage principal puis cherche la minute suivante l’empathie du spectateur à son égard. Le traitement est toujours maladroit et très souvent contradictoire.

C’est dommage car Catherine Frot incarne avec justesse son personnage, soutenue par des seconds rôles tous très bien joués, malgré le traitement peu reluisant que leur réserve le réalisateur.

Le manque de finesse se sent partout et notamment dans la réalisation qui se veut ultra illustrative, surlignant toutes les volontés du réalisateur. Frisant souvent le ridicule par une grandiloquence fort malvenue, Giannoli annihile tous ses effets. Poussant tous ses curseurs sans vraie intelligence, il tue dans l’œuf la moindre émotion, rendant ce ‘Marguerite’ assez vite détestable.

C’est fort dommage car les premières minutes de film faisaient illusion, mais ‘Marguerite’ ne tient pas la route. Sans finesse, sans amour pour ses personnages, Xavier Giannoli réalise un film qui se veut grandiose mais qui rate presque tous ses effets.


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