top of page

'Knight of Cups' de Terrence Malick (3/10)

« Il était une fois un jeune prince que son père, le souverain du royaume d’Orient, avait envoyé en Égypte afin qu’il y trouve une perle. Lorsque le prince arriva, le peuple lui offrit une coupe pour étancher sa soif. En buvant, le prince oublia qu’il était fils de roi, il oublia sa quête et il sombra dans un profond sommeil… » Le père de Rick lui lisait cette histoire lorsqu’il était enfant. Aujourd’hui, Rick vit à Santa Monica et il est devenu auteur de comédies. Il aspire à autre chose, sans savoir réellement quoi. Il se demande quel chemin prendre.


Attendu au tournant après un ‘A la Merveille’ intéressant mais clairement en deçà du reste de son œuvre, Terrence Malick revient à la réalisation avec un projet alléchant sur le papier : ‘Knight of Cups’, où comment raconter la déchéance et la vacuité qui règne à Hollywood.

Retrouvant Christian Bale, plusieurs années après ‘Le Nouveau Monde’, et accompagné d’une poignée d’acteurs excellents (Cate Blanchett et Natalie Portman en tête), Malick avait tout pour faire un très grand film dans la lignée de son immense ‘The Tree of Life’, Palme d’Or en 2011.

Malheureusement, ce que l’on commençait à déceler dans ‘A la Merveille’ se renforce ici. Visiblement pris dans sa propre folie des grandeurs, le réalisateur trébuche lourdement sur ce projet qui n’est au final qu’une coquille vide, un récit vidé de son sens et de toute intention.

Pourtant, ‘Knight of Cups’ partait bien, s’ouvrant sur de magnifiques images de désert, illustrant par là le vide intérieur de son héros. Mais au bout de quelques minutes, le constat est là : Malick n’a plus grand-chose à raconter.

Du début à la fin, il évitera presque soigneusement toute situation intéressante pour se perdre dans des digressions qui n’ont désormais plus aucun sens philosophique ou spirituel. Entre une voix-off qui ressasse des lieux-communs et Christian Bale qui pose devant la caméra et qui ne semble faire rien d’autre qu’errer pendant deux heures, on attendra en vain la dénonciation du star-système, les dangers de la célébrité et de l’argent.

Il est fort dommage de constater que Malick a cependant énormément de matière filmique : il regarde un temps les relations conflictuelles de Rick avec sa famille et son frère, mais il n’en tirera pas grand-chose, de même que ces innombrables séquences de fêtes qui ponctuent le film sans vraiment en saisir toute la vacuité.

Malick présente ce monde de débauche sans saisir ce qui cloche et se contente tout au long du film d’aligner les conquêtes féminines de son personnage principal (et il y en a beaucoup) sans saisir la spécificité de chacune ou ce qu’elles apportent ou non au héros.

Alors que ‘The Tree of Life’ était ambitieux sur la forme et prenait des risques énormes dans son récit (temporalités mélangées, longues séquences lyriques sans rapport avec l’histoire principale), ‘Knight of Cups’ se contente de déployer un non-récit qui n’apprendra rien sur les personnages et qui est platement linéaire.

Le réalisateur semble enchaîner les films de plus en plus vite (alors qu’il avait jusqu’alors réalisé seulement 6 films en plus de 30 ans) mais on se demande la raison d’une telle effervescence car il n’a plus rien à dire.

Auto-parodique, vide et prétentieux, ‘Knight of Cups’ est un renoncement à tout niveau. Si ça et là, on retrouve les envolées lyriques de ses précédents films, il faut reconnaître que Malick s’égare bel et bien dans son propre orgueil et livre un film creux et terriblement ennuyant.


Recent Posts
bottom of page