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'Cemetery of Splendour' d'Apichatpong Weerasethakul (7/10)

Des soldats atteints d’une mystérieuse maladie du sommeil sont transférés dans un hôpital provisoire installé dans une école abandonnée. Jenjira se porte volontaire pour s’occuper de Itt, un beau soldat auquel personne ne rend visite. Elle se lie d’amitié avec Keng, une jeune médium qui utilise ses pouvoirs pour aider les proches à communiquer avec les hommes endormis.

Un jour, Jenjira trouve le journal intime de Itt, couvert d’écrits et de croquis étranges. Peut-être existe-t-il une connexion entre l’énigmatique syndrome des soldats et le site ancien mythique qui s’étend sous l’école ? La magie, la guérison, la romance et les rêves se mêlent sur la fragile route de Jenjira vers une conscience profonde d’elle-même et du monde qui l’entoure.


En grande partie révélé au public occidental par le majestueux ‘Oncle Boonmee’, Palme d’Or du Festival de Cannes 2010, le thaïlandais Apichatpong Weerasethakul revient avec un nouveau long-métrage de fiction : ‘Cemetery of Splendour’.

Dès les premiers plans, le style du réalisateur s’impose. Avec ses longs plans fixes, le film prolonge l’expérience méditative explorée avec ‘Oncle Boonmee’. Typiquement asiatique par son approche du temps et de la spiritualité, ‘Cemetery of Splendour’ risque de désarçonner et d’ennuyer plus d’un spectateur.

Et pourtant, ce serait se priver d’un film certes exigeant, mais profondément humain et intéressant. Car Apichatpong Weerasethakul a son style particulier et sa manière de raconter la vie.

Ici, les esprits et le monde spirituel sont en contact permanent avec l’homme et le surnaturel surgit à tout moment. Ainsi, le metteur en scène instille dans son récit une foule de détails surprenants et surréalistes mais qu’il traite avec un naturel étonnant pour qui n’est pas habitué.

Sans cesse surprenant, ‘Cemetery of Splendour’ est certes moins étrange que ‘Oncle Boonmee’, et un peu plus hermétique, mais le réalisateur déploie un sens de l’observation qui rend chaque plan magnétique. Tour à tour drôle et sensible, le réalisateur montre le mystique qui s’insère dans chaque détail de la vie quotidienne, ainsi que des tranches de vie banales et silencieuses mais pourtant remplies de sens.

C’est le point fort et le point faible de ‘Cemetery of Splendour’ : c’est avant tout une expérience méditative qui demande au spectateur de s’abandonner. La matière même du scénario et de l’action est extrêmement réduite et on peut facilement être lassé par ces longues scènes immobiles.

‘Cemetery of Splendour’ est cependant une belle réflexion sur l’imaginaire et notre rapport à la spiritualité, notamment lors d’une scène où le spectateur doit lui-même imaginer le décor d’un palais enfoui, alors que la caméra se déploie dans une forêt somme toute banale. Apichatpong Weerasethakul bannit les frontières de l’imaginaire et de l’image et offre une expérience plus abstraite mais plus profonde que ‘Boonmee’.

Expérience intrigante, abstraite, originale et méditative, ‘Cemetery of Splendour’ est une invitation au voyage, au repos et à la méditation. Le film laissera derrière lui une bonne partie de son public mais malgré son hermétisme, reste une très belle proposition de cinéma.

A découvrir.




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