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'L'Homme Irrationnel' de Woody Allen (6/10)

Professeur de philosophie, Abe Lucas est un homme dévasté sur le plan affectif, qui a perdu toute joie de vivre. Il a le sentiment que quoi qu’il ait entrepris - militantisme politique ou enseignement - n’a servi à rien.Peu de temps après son arrivée dans l’université d’une petite ville, Abe entame deux liaisons. D’abord, avec Rita Richards, collègue en manque de compagnie qui compte sur lui pour lui faire oublier son mariage désastreux. Ensuite, avec Jill Pollard, sa meilleure étudiante, qui devient aussi sa meilleure amie. Si Jill est amoureuse de son petit copain Roy, elle trouve irrésistibles le tempérament torturé et fantasque d’Abe, comme son passé exotique. Et tandis que les troubles psychologiques de ce dernier s’intensifient, Jill est de plus en plus fascinée par lui. Mais quand elle commence à lui témoigner ses sentiments, il la rejette. C’est alors que le hasard le plus total bouscule le destin de nos personnages dès lors qu’Abe et Jill surprennent la conversation d’un étranger et s’y intéressent tout particulièrement. Après avoir pris une décision cruciale, Abe est de nouveau à même de jouir pleinement de la vie. Mais ce choix déclenche une série d’événements qui le marqueront, lui, Jill et Rita à tout jamais.


Avec la régularité qu’on lui connait (un film tous les ans), Woody Allen revient pour son deuxième film avec Emma Stone et une collaboration qui s’annonce palpitante avec Joaquin Phoenix.

‘L’homme Irrationnel’ ne sera pas l’épisode de la rupture et creuse un peu plus le style Allen et ses thématiques. A la fois redondant mais toujours plein de fraîcheur, cette nouvelle cuvée est un cru honnête mais un peu paresseux.

Entrant ici dans le monde universitaire et philosophique, Woody Allen réalise un film à la fois plein de références, mais très accessible. Tour à tour respectueux et critique, le réalisateur ne s’encombre une fois de plus d’aucune morale pour dépeindre des relations humaines dysfonctionnelles. Que ce soit avec une étudiante trop rangée dans sa vie, ou une collègue mariée, le personnage de Joaquin Phoenix, doucement stéréotypé, va balayer l’ordre établi.

Allen s’est fait plaisir en créant un personnage alcoolique et cabossé et en ruinant le corps et l’esprit de son acteur principal. Le ventre dodu, Phoenix ne joue pas cependant à outrance et parvient à donner vie sans vulgarité à ce personnage malheureux qui ne trouvera du bonheur que dans l’action et l’immoralité.

Soigneusement construit, le scénario prendra son temps pour bâtir une histoire un peu folle, et dont le point névralgique est une banale conversation entre inconnus. Détournant légèrement les codes imposés, Allen reste par contre dans ses propres clous en transformant un triangle amoureux en histoire policière à la fois légère et immorale. Ci et là, des relents de ‘Match Point’, de ‘Meurtres Mystérieux à Manhattan’, et d’autres films à la tonalité policière réalisés par Woody Allen.

‘L’homme Irrationnel’ est donc une redite, bien construite, mais déjà vue. Heureusement, Emma Stone y livre une interprétation très expressive et fraîche et l’antagonisme avec le jeu pesant et réservé de Phoenix est réussi.

Cela rappelle donc une autre qualité du metteur en scène : une direction d’acteurs impeccable.

Convenu mais convenable, ‘L’homme Irrationnel’ ne déclenche pas de vives passions mais se regarde avec plaisir grâce à la touche très personnelle et inimitable de son réalisateur.


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