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'Love' de Gaspard Noé (6/10)

Un 1er janvier au matin, le téléphone sonne. Murphy, 25 ans, se réveille entouré de sa jeune femme et de son enfant de deux ans. Il écoute son répondeur. Sur le message, la mère d'Electra lui demande, très inquiète, s'il n'a pas eu de nouvelle de sa fille disparue depuis longtemps. Elle craint qu'il lui soit arrivé un accident grave. Au cours d'une longue journée pluvieuse, Murphy va se retrouver seul dans son appartement à se remémorer sa plus grande histoire d'amour, deux ans avec Electra. Une passion contenant toutes sortes de promesses, de jeux, d'excès et d'erreurs...


Réalisateur des excellents ‘Irréversible’ et ‘Enter the Void’, Gaspard Noé revient avec un film en apparence polémique : ‘Love’, ou comment filmer le sexe dans une histoire d’amour destinée à être projetée dans un cinéma traditionnel.

Si le premier plan, ouvertement cru, laisse penser à une volonté de choquer, la suite renseigne un peu plus sur la démarche du réalisateur. Ses images posent question. Pourquoi ne pas représenter le sexe à l’écran dans tout son naturel et sa beauté ?

‘Love’ n’est finalement pas si polémique et montre même une volonté de revenir à un cinéma plus reposé et reposant, après les expériences viscérales et traumatisantes des précédents films de Noé.

Nous projetant dans l’esprit de son personnage principal, Murphy, Noé explore la vie sexuelle d’un jeune adulte, ses choix, ses erreurs. L’utilisation de la voix off et les retours en arrière complexes du début promettent beaucoup. ‘Love’ ne sera pas qu’un ‘trip’ visuel mais aussi une plongée psychologique dans ses personnages.

On découvre donc avec envie la vie de ce ‘héros’ ordinaire, on essaie de comprendre comment il a pu en arriver là. ‘Love’ est assez universel dans ses thématiques et permet donc une identification assez bonne entre le public et ses personnages.

Malheureusement, le film fait rapidement du surplace. Alors que les questionnements de Murphy résonnent comme autant de réflexions sur l’amour et la vie, ceux-ci s’arrêtent assez vite pour laisser la place à un long flash-back assez linéaire. ‘Love’ se résumera donc finalement à l’autopsie assez classique d’un couple dysfonctionnel, entrecoupé par de multiples séquences de sexe très osées, mais qui deviendront assez redondantes par la suite.

Le problème de ‘Love’ est paradoxalement d’être assez peu original, et c’était peut-être la dernière chose que l’on pensait pouvoir reprocher à son auteur. Mais le constat est là : mis à part ces scènes de sexe assez crues et non-simulées, le film n’apporte pas franchement un œil nouveau sur le couple. Le milieu de ‘Love’ est assez long, souvent creux.

Il reste cependant de merveilleuses séquences qui montrent que le metteur en scène n’a pas perdu la main, mais son traitement reste trop léger et pas assez fouillé. A la fin du film, la situation de Murphy n’aura guère changée et si on reconnaît là le pessimisme de Gaspard Noé sur des histoires sans issue, il est dommage qu’il ne traite pas mieux l’évolution de son personnage et qu’il n’approfondisse pas plus l’approche pourtant excellente car non-linéaire du début.

‘Love’ reste cependant de bonne facture car très bien dirigé, et porté par des comédiens qui se livrent à la caméra avec un naturel confondant, rapprochant souvent le film du documentaire.

A la fois étonnant et cliché, ‘Love’ n’est pas le choc annoncé. Inégal mais intéressant, le dernier film de Gaspard Noé est correct mais aurait mérité plus de matière. Dommage.


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