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'La Isla Minima' d'Alberto Rodriguez (8/10)

Deux flics que tout oppose, dans l'Espagne post-franquiste des années 1980, sont envoyés dans une petite ville d'Andalousie pour enquêter sur l'assassinat sauvage de deux adolescentes pendant les fêtes locales. Au coeur des marécages de cette région encore ancrée dans le passé, parfois jusqu'à l'absurde et où règne la loi du silence, ils vont devoir surmonter leurs différences pour démasquer le tueur.


Grand vainqueur des ‘Goya’, les récompenses du cinéma espagnol, ‘La Isla Minima’ débarque dans nos contrées porté par une excellente réputation et on ne peut que confirmer les qualités d’un film très bien conçu et qui montre que le cinéma espagnol a encore de beaux jours devant lui.

La première chose à laquelle on pense lorsque l’on voit le film d’Alberto Rodriguez est la comparaison inévitable avec la série ‘True Detective’. Même ancrage de l’enquête policière dans un environnement chaud et humide (les bayous pour True Detective, les rivières d’Andalousie pour ce film), même duo improbable de policiers.

Cela montre que les deux œuvres s’inscrivent dans le canevas ‘traditionnel’ du polar qu’elles transcendent grâce à une réalisation hors-pair. En effet, ‘La Isla Minima’ impose dès les premiers plans une pâte visuelle réussie. Alberto Rodriguez s’imprègne des décors environnants pour rendre son enquête palpitante et lourde.

Le film est posé, prend le temps de construire ses personnages et de planter ses décors et c’est une bonne chose. D’une construction efficace, le scénario fait monter progressivement le rythme, variant les situations pour nous emmener vers un final décoiffant et réussi.

Tout n’y est pas parfait, à l’image de ces ‘fausses pistes’ à peine explorées et qui n’apportent pas grand-chose à l’histoire. Mais malgré cela, la narration reste claire et a la bonne idée d’ancrer son histoire dans l’Espagne post-franquiste, donnant ainsi une portée bien plus grande au récit, le rendant plus profond et porteur de sens.

Le duo d’enquêteurs est attachant et parvient à renouveler légèrement l’éternel antagonisme entre le flic de la ‘vieille école’ et le jeune loup avide de faire sa renommée. De manière générale, la psychologie des personnages est toujours traitée avec attention et cela apporte une vraie fraîcheur au film.

La réalisation est splendide et les scènes d’action sont par ailleurs très bien découpées, à l’image de cette poursuite nocturne en voiture qui ne perd jamais le spectateur malgré la désorientation qu’un tel exercice peut occasionner, ainsi que cette très belle scène finale sous la pluie.

‘La Isla Minima’ est donc un film très classique mais qui réussit à enrichir chacun de ses aspects grâce à la rigueur de son metteur en scène.

Beau, inquiétant, bien rythmé, le film d’Alberto Rodriguez est à mettre dans le haut du panier des polars, même s’il ne transcende jamais les règles imposées par le genre.

Classique mais profond, c’est une belle découverte.


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