'Valley Of Love' de Guillaume Nicloux (6/10)
Isabelle et Gérard se rendent à un étrange rendez-vous dans la Vallée de la mort, en Californie. Ils ne se sont pas revus depuis des années et répondent à une invitation de leur fils Michael, photographe, qu'ils ont reçue après son suicide, 6 mois auparavant. Malgré l'absurdité de la situation, ils décident de suivre la programme initiatique imaginé par Michael...
Après une ‘Religieuse’ intéressante mais pas toujours habitée, Guillaume Nicloux dirige à nouveau Isabelle Huppert dans ‘Valley of Love’, accompagnée cette fois par Gérard Depardieu.
Les deux acteurs sont la raison d’être et la force d’un film dont le sujet promettait beaucoup sur le papier mais qui peine à convaincre pleinement.
Utilisant largement le plan-séquence, Nicloux réalise un film de bonne facture mais pas toujours égal. Accompagnées par la splendide musique de Charles Ives, les scènes se succèdent mais ne sont pas toujours d’un intérêt égal, donnant un rythme en dents de scie, pas toujours emballant mais pas non plus ennuyeux.
Ainsi, si certains plans possèdent une force proprement palpitante, d’autres tombent à plat, la faute à un propos assez maigre sur le deuil et les relations amoureuses. Nicloux noie ses idées dans un flot de conversations pas toujours intéressantes et compte un peu trop sur ses acteurs pour éveiller l’intérêt du spectateur. On tombe ainsi vite dans le cliché et le lieu commun.
Pourtant, grâce à l’immense talent d’Huppert et de Depardieu, le film se développe, lentement mais sûrement, porté par le jeu toujours juste et intense de ses deux immenses comédiens.
Nicloux développe des thèmes intéressants mais semble les perdre en route. A la fin, on se demande où il voulait en venir. Pas de conclusion, pas de climax, pas de résolution, on peine à comprendre la démarche du réalisateur. On était en droit d’attendre un récit initiatique mais Nicloux ne veut visiblement pas développer trop ses personnages et leur rapport à ce fils définitivement absent.
Splendidement mis en image, ‘Valley of Love’ reste donc un peu creux car le réalisateur ne va jamais au bout de ses personnages et de leur psychologie. Heureusement, il développe des ambiances et une grammaire cinématographique variées, alternant romance, film d’horreur, road movie… Il effleure le côté ‘fantastique’ du deuil et a la bonne idée de ne pas chercher à rationaliser ce que vivent ses personnages.
Mais voilà, sans direction claire, le film tourne vite en rond et perd énormément de force dans ses longueurs et ses non-dits. C’est fort dommage car il y a beaucoup de bons moments dans ‘Valley of Love’. A voir pour ce formidable duo d’acteurs.