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'La Loi du Marché' de Stéphane Brizé (2/10)

À 51 ans, après 20 mois de chômage, Thierry commence un nouveau travail qui le met bientôt face à un dilemme moral. Pour garder son emploi, peut-il tout accepter ?

Acclamé au dernier Festival de Cannes, ‘La Loi du Marché’ débarque en salle auréolé du prix d’interprétation pour Vincent Lindon.

Le film de Stéphane Brizé est-il cette grande œuvre sociale espérée ? Malheureusement non malgré des premières minutes qui entretiennent un instant l’illusion.

Reprenant les codes du film social tel qu’on peut le connaître par les frères Dardenne, Brizé les applique à la lettre et jusqu’à l’écœurement, sans jamais prendre de risque. Des plans-séquences réalistes et interminables aux situations déprimantes, les ‘travers’ du cinéma social sont poussés au maximum pour faire un film cliché sans grand intérêt.

Si les premières scènes, particulièrement intéressantes, montrent à quel point la situation d’un chômeur peut être dégradante, notamment lors de ses entretiens au Pôle Emploi, ou à la banque, Brizé enchaîne le pathos avec un manque de finesse flagrant.

Dans ces scènes, nul espoir, aucune nuance, tout est sombre et gris. Les quelques instants où le personnage joué par Vincent Lindon prend du plaisir (notamment la scène du cours de danse) tombent à plat, la faute à un propos qui manque clairement de substance.

Dès les premiers plans, on comprend le sujet, alors pourquoi le rabâcher jusqu’à l’écœurement. Le réalisateur étire ses scènes jusqu’à l’agacement total, à l’image de cette tractation pour le prix d’un mobil-home qui dure bien cinq minutes, ou encore celle où le chômeur trouve enfin un emploi et passe son temps à regarder des écrans de surveillance. Pourquoi faire durer ces scènes aussi longtemps alors que leur longueur n’apporte rien au propos ?

On aimerait croire que Brizé étire ses séquences pour mettre le spectateur mal à l’aise et faire durer le mal-être de ses personnages un peu plus longtemps, sauf qu’on a l’impression que ces longueurs sont surtout un cache-misère pour masquer un scénario maigre et répétitif.

La plupart des scènes se répètent sans apporter de réelles nuances ou de nouveautés, telles celles dans le magasin, où plusieurs caissières finissent par se faire interpeller pour fraude. On avait compris la première fois, pourquoi remettre une séquence similaire et trop longue un peu plus loin ?

De réaliste, le film devient misérabiliste. Le héros a un fils handicapé, la femme licenciée a de gros soucis d’argent, son fils est drogué, et elle finit d’ailleurs par se suicider… Ces situations existent bel et bien mais était-ce nécessaire de forcer à tel point le trait en les condensant dans un seul film ? Brizé apporte pourtant quelques bonnes idées, et notamment dans la seconde partie du film. Le personnage principal trouve enfin un emploi, mais prend le rôle du bourreau et arrête les personnes qui sont bien souvent en détresse, montrant comment la société ‘achète’ ses membres pour les mettre au pli et au service de ce ‘marché’ pas très honnête.

On saluera la prestation de Vincent Lindon, mais encore une fois, elle ne sort pas des sentiers battus. Lindon fait du Lindon, il le fait bien, mais ne révèle jamais plus que ce que l’on connaît de lui.

‘La Loi du Marché’ se veut donc un film engagé mais tord son propos par un manque de finesse complet. Avec un scénario extrêmement léger et répétitif, le film de Stéphane Brizé est long et pénible, ennuyeux au possible. Avec un style complètement cliché, ‘La Loi du Marché’ n’éveille que très rarement l’intérêt. A éviter.


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