'Jurassic World' de Colin Trevorrow (5/10)
L'Indominus Rex, un dinosaure génétiquement modifié, pure création de la scientifique Claire Dearing, sème la terreur dans le fameux parc d'attraction. Les espoirs de mettre fin à cette menace reptilienne se portent alors sur le dresseur de raptors Owen Grady et sa cool attitude.
Après ‘Mad Max’, c’est au tour de la licence ‘Jurassic Park’ d’accoucher d’un quatrième volet cette année, même si la comparaison avec l’excellent ‘Fury Road’ va s’arrêter là.
Craint de beaucoup de fans de la première heure, à cause notamment d’idées farfelues aperçues dans les bandes annonces, ‘Jurassic World’ se révèle finalement beaucoup moins décevant que prévu. Plus réussi que le troisième volet (même si ce n’était guère difficile), il a le mérite de replacer les préoccupations des premiers opus dans le monde actuel.
Si la dénonciation des manipulations génétiques est toujours d’actualité, le film critique également la mode du ‘toujours plus’, de la fuite en avant du progrès (économique et artistique), et peut être vu comme une critique d’Hollywood et de sa propension à accoucher de blockbusters toujours plus impressionnants.
Cette critique, un peu hypocrite il faut le reconnaître, tant le film surfe également sur la mode du ‘toujours plus’, permet malgré tout de donner un peu de consistance à un blockbuster plutôt bien fait, mais trop fragile pour remporter les suffrages.
En soi, ‘Jurassic World’ est efficace. La caractérisation des personnages, bien que basique, est assez claire et le film se laisse regarder. Quelques rires ici, quelques frissons là, la machine fonctionne bien notamment grâce à un rythme impeccable qui ne comporte aucun temps mort.
On craignait que l’idée des raptors dressés dénature l’essence même de la licence instaurée par Spielberg et pourtant, elle est amenée avec finesse. Les raptors ne sont pas de gentils chiens et restent malgré tout des prédateurs effrayants, comme le montre la première partie du film.
Malheureusement, plus le film avance, plus les situations dégénèrent vers le grand guignol. Sur la durée, ‘Jurassic World’ ne tient pas ses promesses.
L’idée que le parc soit enfin ouvert au public était alléchante, tant il y avait moyen de confronter les visiteurs du parc à des prédateurs voraces et ainsi créer des situations originales. Malheureusement, cette idée est sous-exploitée avec simplement une scène mettant en ‘relation’ des volatiles et le public du parc.
En effet, le scénario ne propose aucune situation originale et ressert à l’écœurement les situations présentes dans les films précédents avec notamment l’idée des enfants livrés à eux-mêmes dans la nature.
Classique dans ses effets, ‘Jurassic World’ reste efficace mais perd son objectif, celui de rendre les dinosaures crédibles et terrifiants. Passée la première heure, les situations deviennent de plus en plus abracadabrantes. Les raptors deviennent de parfaits toutous et aident sans problème les humains, le personnage de Claire, joué par Bryce Dallas Howard, passe son temps à fuir les prédateurs en talons aiguilles, réussissant même à gagner une course face à un T-Rex en portant ses précieux escarpins. Il y a des limites à la bêtise.
Même ce cher T-Rex, complètement déifié dans le premier opus, est ici réduit à un gentil ‘Godzilla’ qui aide presque de bon cœur les humains, Claire se cachant même derrière lui quand la situation devient un peu tendue.
‘Jurassic World’ est donc en définitive décevant car il dynamite ses bonnes idées de base et propose des situations bien ridicules qui nuisent à la crédibilité de l’ensemble. C’est fort dommage car le film partait sur de bonnes bases mais s’autodétruit en cours de route à cause d’une production pas très sérieuse et peu regardante sur la qualité du scénario. Quel dommage !