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'La Tête Haute' d'Emmanuelle Bercot (8/10)

Le parcours éducatif de Malony, de six à dix-huit ans, qu’une juge des enfants et un éducateur tentent inlassablement de sauver.


Présenté en ouverture du Festival de Cannes, ‘La Tête Haute’ est un drame social poignant. Avec un sujet proche du ‘Mommy’ de Xavier Dolan qui avait emballé la Croisette l’an passé, Emmanuelle Bercot tente cependant une approche beaucoup moins graphique et plus ancrée dans la réalité.

La force que perd ‘La Tête Haute’ dans l’image, il la gagne dans la formidable énergie sensible qui se dégage de la pellicule. La réalisatrice est moins dans l’esthétisme que dans le propos et va droit à l’essentiel.

Ainsi, le film ausculte la vie tourmentée d’un garçon, né dans une famille pas vraiment aidée, éduqué par une mère à côté de la plaque. La première séquence montre le héros dans son jeune âge et ancre déjà les relations mère-fils qui se développeront plus tard.

Emmanuelle Bercot aime son personnage principal et le regarde avec les yeux de l’amour, malgré ses fautes. Profondément humaniste, elle sait percer grâce à sa mise en scène la valeur du héros, qui semble malheureusement détruire tout ce qu’il touche.

‘La Tête Haute’ n’invente rien mais pose la question de l’éducation. Que faire quand les parents sont absents, ou mauvais éducateurs ? La foi de la réalisatrice dans le système éducatif français sera peut-être ‘fleur bleue’ pour certains mais elle a l’intelligence de montrer l’espoir tout en soulignant le dur combat de chacun pour que les enfants violents arrivent à évoluer et vivre en société.

Emmanuelle Bercot film avec une énergie incroyable le combat de ce jeune adulte, enchaîné à une violence qu’il a toujours connue et qui devient la seule manière pour lui de s’exprimer.

La force du film est que chaque séquence est à sa place et pose des jalons, chaque image veut signifier quelque chose et enrichit le discours de la réalisatrice. Le rythme est essentiel et très bien mené, malgré une fin qui, sans tirer en longueur, fait un peu du surplace.

Le jeune Rod Paradot sera probablement une révélation majeure de cette année, épaulé par un excellent casting et des comédiens tous excellents dans leur rôle. L’autre force du film réside donc dans l’interprétation. Malgré les déchaînements de violence, les acteurs n’en font jamais trop, très bien dirigés par la réalisatrice, et le film ne sombre jamais dans l’hystérie, ce qui faisait parfois défaut au ‘Mommy’ de Xavier Dolan.

Fort, émouvant, ‘La Tête Haute’ est une réussite. Profondément humaniste, toujours réel, le film d’Emmanuelle Bercot secoue avec intelligence le spectateur, et place une foi sans faille dans le système éducatif. Sans appuyer son sous-texte, la réalisatrice soulève les questions nécessaires et montre à quel point le monde a besoin de gens de bien et de moyens institutionnels pour aider les enfants en détresse à se relever.

Le film, malgré une fin qui s’essouffle un peu, est une franche réussite.


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