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'Good Kill' d'Andrew Niccol (7/10)

Le Commandant Tommy Egan, pilote de chasse reconverti en pilote de drone, combat douze heures par jour les Talibans derrière sa télécommande, depuis sa base, à Las Vegas. De retour chez lui, il passe l’autre moitié de la journée à se quereller avec sa femme, Molly et ses enfants. Tommy remet cependant sa mission en question. Ne serait-il pas en train de générer davantage de terroristes qu’il n’en extermine ? L’histoire d’un soldat, une épopée lourde de conséquences.


Auteur de ‘Bienvenue à Gattaca’, ‘Simone’ ou encore ‘Lord of War’, Andrew Niccol a toujours montré un cinéma à la fois élégant et très engagé. Après une baisse de régime inquiétante sur ses deux longs-métrages suivants, le réalisateur semble revenir à ses thèmes de prédilection avec ‘Good Kill’, drame intimiste et perturbant qui une nouvelle fois frappe là où ça fait mal.

‘Good Kill’ est un film intelligent, qui ne filme la guerre que du point de vue des drones, et qui avec un argumentaire bien affûté critique ces interventions déshumanisées au Moyen-Orient. On pourra reprocher au réalisateur un manque de finesse dans la critique mais elle a le mérite d’être frontale et efficace.

En montrant la lente chute d’un pilote qui tue à distance, Niccol mitraille tout le gouvernement américain dans cette course vers la violence qui n’en finit pas. Le personnage joué par Zoé Kravitz, la ‘nouvelle recrue’, est là pour apporter un œil neuf à ce monde froid et dur et contrebalancer les pilotes chevronnés qui s’enferment dans leur propre monde pour se protéger.

Car Niccol nous montre le quotidien de ces tueurs de l’ombre, qui subissent comme tout soldat sur le terrain le choc et la violence de la guerre. Au fur et à mesure que le film avance, les ‘ordres’ se voudront de plus en plus violents, transformant les hommes en chair à canon. L’humain est traité comme quantité négligeable et le gouvernement ne semble guère se soucier des dommages collatéraux.

En apparence très caricatural, le film grossit peut-être le trait pour appuyer son argumentaire mais il n’est cependant jamais loin de la réalité et permet au spectateur de réfléchir et de se confronter aux questions posées à travers les personnages principaux.

Avec une élégance et un sens du cadre toujours impeccables, Andrew Niccol ne donne du corps à ses personnages que pour solidifier ses idées. Le réalisateur montre à quel point les Occidentaux sont responsables du terrorisme qui frappe le monde actuel grâce à quelques répliques bien senties. ‘Si on répond à la violence par la violence, quand est-ce que le cycle s’arrêtera’ demandent avec insistance les personnages du film.

A cela, le réalisateur n’apporte pas de réponse et livre un film très cynique et désabusé sur l’état du monde où la notion de justice est totalement floue. En témoigne le seul vrai crime que les pilotes de drones voient à l’écran, et qui revient tout au long du film sans être jamais puni, et qui montre à quel point la justice est une notion toute relative.

Le personnage interprété par Ethan Hawk est accrocheur. Même s’il manque singulièrement de charisme, Niccol ne s’en sert que pour ajouter de l’émotion à un film forcément un peu froid, car la guerre est vue de haut, comme si Dieu lui-même la regardait.

Cette froideur est couplée à un rythme pas toujours impeccable qui mine parfois l’évolution du scénario et ralentit l’impact pourtant très fort du film.

Mais en dépit de tout cela, ‘Good Kill’ est une salve vitale et acerbe, véritable questionnement sur la guerre et sur la politique américaine. Andrew Niccol ne retrouve pas l’éclat de ses premiers films mais il s’en rapproche assez près pour notre plus grand plaisir.


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