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'Journal d'une Femme de Chambre' de Benoît Jacquot (7/10)

Début du XXème siècle, en province. Très courtisée pour sa beauté, Célestine est une jeune femme de chambre nouvellement arrivée de Paris au service de la famille Lanlaire. Repoussant les avances de Monsieur, Célestine doit également faire face à la très stricte Madame Lanlaire qui régit la maison d’une main de fer. Elle y fait la rencontre de Joseph, l’énigmatique jardinier de la propriété, pour lequel elle éprouve une véritable fascination.


Il faut croire que le film d’époque réussit plutôt bien à Benoît Jacquot car après le très réussi ‘Les Adieux à la Reine’, il nous livre avec ‘Journal d’une Femme de Chambre’ une excellente tranche de cinéma.

Ayant pour cadre le début du XXe siècle, le film de Benoît Jacquot est pourtant très actuel et on comprend parfaitement ce qui a poussé le réalisateur à adapter le roman d’Octave Mirbeau.

Au travers de séquences toujours pertinentes, il dépeint le quotidien d’une femme au service des autres. Exploitée, livrée à la hargne et à l’avarice des bourgeois, elle subit et traverse les outrages d’un monde décadent. La violence des échanges et des rapports de force sont parfaitement retranscris à l’image et rythment un film qui frappe toujours juste.

La réalisation et la photographie sont d’une élégance rare, supportées par des cadrages parfaitement composés. Benoît Jacquot développe une grammaire cinématographique toujours pertinente et sensible, mention spéciale à ses zooms qui apportent une élégante intensité à l’action.

Tour à tour fragile, forte et mystérieuse, Célestine est admirablement traitée à l’écran grâce à l’intelligence du metteur en scène qui sait comme nul autre parler des femmes. Léa Seydoux parvient sans peine à donner corps à son personnage et à rendre toute la complexité d’un rôle tout en délicatesse. Elle porte le film sur ses solides épaules, aidée par des seconds rôles tout aussi excellents.

‘Journal d’une Femme de Chambre’ est donc un excellent portrait de femme et son propos social le met habilement en parallèle avec notre époque.

Il est dès lors dommage de constater que le film ne décolle jamais vraiment. Toujours très retenu, Benoît Jacquot enchaîne les séquences, toujours brillantes et vitales à l’histoire, mais sans vraiment dégager une structure claire dans la narration. Le film est agréable mais aurait gagné en force si le réalisateur avait mieux traité la tension inhérente à certaines séquences pour construire une véritable architecture. On reste un peu sur notre faim face à une histoire qui aurait pu réveiller des émotions plus fortes chez le spectateur.

Mais sa très bonne qualité artistique permet au ‘Journal d’une Femme de Chambre’ d’être un très beau moment de cinéma.


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