'Big Eyes' de Tim Burton (7/10)
BIG EYES raconte la scandaleuse histoire vraie de l’une des plus grandes impostures de l’histoire de l’art. À la fin des années 50 et au début des années 60, le peintre Walter Keane a connu un succès phénoménal et révolutionné le commerce de l’art grâce à ses énigmatiques tableaux représentant des enfants malheureux aux yeux immenses. La surprenante et choquante vérité a cependant fini par éclater : ces toiles n’avaient pas été peintes par Walter mais par sa femme, Margaret. L’extraordinaire mensonge des Keane a réussi à duper le monde entier. Le film se concentre sur l’éveil artistique de Margaret, le succès phénoménal de ses tableaux et sa relation tumultueuse avec son mari, qui a connu la gloire en s’attribuant tout le mérite de son travail.
Nouvel opus de Tim Burton, ‘Big Eyes’ délaisse le fantastique cher au réalisateur et se met à la mode du biopic, actuellement très en vogue à Hollywood. Après un retour aux sources plutôt réussi avec ‘Frankenweenie’, ce film est-il un nouvel indice du manque d’originalité qui semblait gagner Burton jusque-là ?
S’il semble clair que Burton n’a pas fait de grands films depuis un moment, ‘Big Eyes’ est très loin d’être une déception. Le réalisateur tente d’aborder une approche classique du biopic, assez éloignée de son univers, et réussit plutôt bien son coup.
‘Big Eyes’ ne sera pas une révolution stylistique de son auteur mais porte malgré tout parfaitement son empreinte. Avec une photographie assez flashy qui rappelle celle de ‘Big Fish’, le style de Burton reste reconnaissable mais ne se manifestera plus que de manière subtile et ponctuelle.
La force de son film est un scénario plutôt bien construit, avec un rôle de femme à la fois forte et fragile, et un homme à la fois séducteur et manipulateur. Bien écrits, les personnages sont toujours crédibles et évoluent logiquement. Sans temps morts, Burton trouve le rythme parfait pour emmener son spectateur et chaque scène semble à sa place, apportant une vision toujours neuve et juste des personnages.
Le film ne serait rien sans la prestation toute en douceur de la talentueuse Amy Adams, toujours très expressive et juste. Et si Christoph Waltz en fait malheureusement trop pour être vraiment convaincant, le casting reste quand même de bonne facture.
Soutenu par un Danny Elfman qui semble vouloir se renouveler dans ses compositions musicales, ‘Big Eyes’ est un beau portrait de femme et une dénonciation de leur condition dans les années d’après-guerre mais les idées et revendications servent toujours l’histoire et ne plombent ainsi jamais la narration.
La tonalité si particulière des films de Burton, ce côté burlesque, parfois macabre, parfois léger et légèrement décalé, est à nouveau parfaitement retransmis même si ici, la légèreté finit par l’emporter sur le reste. Tour à tour grave, effrayant et lumineux, le réalisateur reste toujours dans des émotions justes sans pour autant renier son style.
Il y a donc beaucoup de bonnes choses dans ‘Big Eyes’ mais on constate que Tim Burton n’a pas pris trop de risques. Livrant un film de bonne facture, ce long-métrage reste quand même très classique et convenu. Muselant son audace créatrice, Burton livre un bon film mais un peu paresseux. Intéressant malgré tout.