'Chappie' de Neill Blomkamp (7/10)
Dans un futur proche, la population, opprimée par une police entièrement robotisée, commence à se rebeller. Chappie, l’un de ces droïdes policiers, est kidnappé. Reprogrammé, il devient le premier robot capable de penser et ressentir par lui-même. Mais des forces puissantes, destructrices, considèrent Chappie comme un danger pour l’humanité et l’ordre établi. Elles vont tout faire pour maintenir le statu quo et s’assurer qu’il soit le premier, et le dernier, de son espèce.
Déjà auteur des très bons ‘District 9’ et ‘Elysium’, Neill Blomkamp a su imposer en deux films un univers et un style qui lui sont propres.
‘Chappie’ est un troisième film très cohérent dans sa filmographie puisqu’il explore la même thématique que ses deux longs-métrages précédents, à savoir les films de science-fiction à fort contenu social.
Il est plaisant de constater que ‘Chappie’ n’est pas un blockbuster bête et méchant mais un véritable film aux enjeux humains forts et prenants. Le contenu social, très présent dans la première moitié du long-métrage, apporte clairement quelque chose à ce très bon film de SF.
Bien réalisé et construit, ‘Chappie’ est une franche réussite. Avec un univers travaillé et cohérent, le film est toujours crédible et réaliste. ‘Chappie’ réussit en outre le tour de force d’humaniser un personnage artificiel, un robot. En montrant son apprentissage, Blomkamp réussit à nous lier à cet être particulier qui va rencontrer la violence et l’incompréhension sur son passage.
Véritable ode à la différence mais aussi à l’éducation, ‘Chappie’ est avant tout une fable. Tour à tour touchant et terrible, le robot est le miroir parfait de la condition humaine et à travers lui, le réalisateur montre toute la bêtise humaine qui s’est emparée de notre société. Escaladant toujours plus vers une violence qui devient contagieuse, le film est un cri du cœur et pose des enjeux humains très forts.
Par l’empathie, nous souffrons avec ce robot si humain, nous anticipons ses désillusions, et nous découvrons un univers sombre et violent, comme c’était déjà le cas dans les deux premiers films de Blomkamp.
Car le réalisateur n’hésite pas à prendre des risques et faire un blockbuster plutôt violent. Tout sauf lisse, ‘Chappie’ convoque de véritables émotions chez le spectateur et il est plaisant de constater qu’il reste encore de la place à Hollywood pour des films de cet acabit.
Complexe dans ses thématiques, ‘Chappie’ brasse énormément de sujets mais ne perd jamais son objectif principal ainsi que sa trame et intègre ainsi parfaitement les idées dans un propos toujours cohérent et logique.
Malheureusement, ‘Chappie’ n’est pas toujours une réussite, la faute à certaines lourdeurs qui plombent un film pourtant bien écrit et qui évite tout manichéisme. Certaines séquences sont très maladroites, utilisées pour souligner les propos du réalisateur mais manquant complètement de subtilité. Parfois un peu forcé, le propos de ‘Chappie’ s’en trouve souvent diminué même s’il n’y a rien de très grave là-dedans.
Mais le problème majeur du film est son manque de nouveauté. Pour ceux qui découvrent le réalisateur, ce ne sera pas un problème, mais les autres auront vraiment l’impression d’assister pour la troisième fois au même film. Reprenant ses décors de bidonvilles en zone semi-désertique, reprenant ses thématiques fétiches, Blomkamp a tendance à resservir le même plat une nouvelle fois. Son style est donc parfaitement abouti mais on aimerait qu’il évolue un peu plus pour proposer des choses différentes.
En dépit de ces quelques défauts, ‘Chappie’ est un bon film de SF. A découvrir.