'A Most Violent Year' de J.C.Chandor (9/10)
New York - 1981. L'année la plus violente qu'ait connu la ville. Le destin d'un immigré qui tente de se faire une place dans le business du pétrole. Son ambition se heurte à la corruption, la violence galopante et à la dépravation de l'époque qui menacent de détruire tout ce que lui et sa famille ont construit.
Troisième film d’un réalisateur plein de promesses, ‘A Most Violent Year’ est une excellente surprise. Renouant avec la tradition des films de gangsters, J.C.Chandor propose une histoire classique sur le fond mais parfaitement maîtrisée de bout en bout.
Le classicisme dont Chandor fait preuve est autant un hommage qu’une manière de s’effacer derrière un scénario excellent de maîtrise. Malgré un rythme plutôt lent, l’histoire est parfaitement écrite et portée par une réalisation extrêmement bien pensée.
J.C.Chandor parvient à tisser une véritable trame de fond dramatique où tout est suggéré (notamment la violence, sauf en de rares moments où elle éclate frontalement). L’ampleur qui se dégage du récit est ambitieuse grâce à une ambiance parfaitement maîtrisée. Le spectateur, constamment conscient des menaces qui pèsent sur le personnage principal, est sensible à la tension qui parcourt ces deux heures de film grâce à un ‘background’ très travaillé (reconstitution historique impeccable, violence extérieure suggérée à travers les radios et les conversations).
Tout comme James Gray, autre réalisateur ‘classique’ et talentueux, J.C.Chandor parvient par l’image à amener le spectateur où il le désire, avec en toile de fond une critique amère et acerbe de la société et du rêve américain. En effet, d’abord honnête, le personnage principal va devoir jouer à un jeu auquel il ne veut prendre part pour finalement se salir les mains comme les autres afin de survivre et prospérer.
Psychologiquement toujours plausibles, les personnages sont forts et emmenés de main de maître par deux comédiens décidemment excellents : Jessica Chastain et Oscar Isaac. Jouant parfaitement avec la mise sous tension progressive imposée à leurs personnages, les deux comédiens portent le film avec un naturel et une puissance incroyable.
A la fois simple et ambitieux, ‘A Most Violent Year’ se révèle parfaitement maîtrisé. Le seul bémol serait à mettre sur le compte de la photographie, un poil trop sombre, qui masque malheureusement souvent les visages et le jeu d’acteurs des comédiens.
J.C.Chandor ne révolutionne en rien le film noir mais se frotte sans peur aux plus grands films sur la mafia. Avec une assurance tranquille, ‘A Most Violent Year’ est un petit bijou de construction et de cinéma. A voir absolument.