'Jupiter : Le Destin de l'Univers' de Andy & Lana Wachowski (4/10)
Née sous un ciel étoilé, Jupiter Jones est promise à un destin hors du commun. Devenue adulte, elle a la tête dans les étoiles, mais enchaîne les coups durs et n'a d'autre perspective que de gagner sa vie en nettoyant des toilettes. Ce n'est que lorsque Caine, ancien chasseur militaire génétiquement modifié, débarque sur Terre pour retrouver sa trace que Jupiter commence à entrevoir le destin qui l'attend depuis toujours : grâce à son empreinte génétique, elle doit bénéficier d'un héritage extraordinaire qui pourrait bien bouleverser l'équilibre du cosmos…
Réalisateurs mégalomanes et ambitieux, les ‘Washowskis’ ont maintes fois prouvé leur originalité grâce à leurs splendides blockbusters anticonformistes.
Désirant établir une nouvelle franchise, ils mettent le pied à l’étrier dans un space-opéra grandiloquent à la ‘Star Wars’. Loin de la complexité de ‘Matrix’ ou de la profondeur de ‘Cloud Atlas’, ‘Jupiter : Le Destin de l’Univers’ restera probablement comme leur film le moins abouti.
Habituellement soucieux de trouver des personnages forts et attachants, les Washowskis ne proposent ici que des archétypes un peu fades, à l’image de cette femme de ménage qui est en fait une princesse ou de ce ‘loup’ féroce qui cache un grand cœur. Deux personnages avec un charisme faiblard et une psychologie pas du tout travaillée empêchent clairement la naissance d’enjeux dramatiques forts et c’est bien là le problème.
C’était une bonne idée de vouloir intégrer cet imposant univers de science-fiction dans le réel, sauf qu’à l’inverse de ‘Matrix’, cette incrustation ne prend pas tant elle est peu crédible. Ainsi on voit défiler des vaisseaux spatiaux dans le ciel de Chicago, sans voir aucun passant dans les rues. Les tentatives de crédibilisation se justifient par des pirouettes explicatives simplettes (on retrouve tous les témoins et on les rend amnésiques) qui montrent que l’univers et le background du film n’ont pas été suffisamment bien pensés.
‘Jupiter’ est en riche en trouvailles visuelles mais malheureusement, la sauce ne prend pas car tout se mélange de manière anarchique et sans aucune cohésion d’ensemble. Le film donne l’impression d’avoir subi des coupes franches dans l’histoire et s’embourbe en multipliant les lieux, les races extraterrestres, les raccourcis scénaristiques un peu faciles et les mondes futuristes. Cela donne l’impression qu’il aurait fallu deux bonnes heures de plus pour tout raconter de manière correcte alors qu’on ne fait que survoler certains personnages.
En même temps, et pour la première fois dans leur filmographie, les Washowskis n’ont pas grand-chose à raconter. C’était la force première de ‘Cloud Atlas’ que de proposer un blockbuster subversif et dénonçant l’oppression des faibles par la classe dominante mais cela ne marche guère dans ‘Jupiter’. L’histoire des Moissons est là simplement pour rajouter un peu de profondeur au récit mais ne participe jamais vraiment à la dramaturgie. Le film ne raconte en substance pas grand-chose et se révèle finalement extrêmement classique.
Alors bien sûr, les Washowskis n’ont pas perdu leur talent et proposent des scènes d’action bien souvent hallucinantes (la poursuite dans Chigaco est une merveille en terme d’intensité et de réalisation), et leur univers, bien que trop riche et trop complexe pour tenir dans un seul film, est visuellement toujours incroyable.
Mais cette fois, leur film est trop léger et conventionnel, sabré par des moments visuellement très kitsch ou un peu ridicules. Personnages peu charismatique, histoire prévisible et plate à souhait, ‘Jupiter’ ne se rattrape que par ses images époustouflantes. Les Washowskis réalisent un film visuellement trop riche et trop mince en substance. Une déception.